Neigeee ~  

J'ai jamais pensé à comment se finirait ma jeunesse. Ou du moins mon adolescence. Petite, je pensais que il y aurait un véritable déclenchement qui m'ouvrirait la "voie" pour m'indiquer que j'entrais enfin dans la "cour des grands". Alors qu'en fait, il à suffit d'une semaine pour que tout, mais alors absolument tout, prenne sa place.
A présent, j'ai peur de fermer les yeux, j'ai peur de revoir ses bras et jambes séparés de son petit corps, j'ai peur de voir ses yeux à elle, vides et froids. J'ai peur de la revoir mourir, encore, encore et encore. Alors je noie mes cauchemars dans l'étreinte d'Edwar, dans ses yeux, dans ses caresses. Je noie ma peur et ma tristesse dans ses mots, dans ses lèvres.
Je me noie dans son amour.

J'ai froid, mais genre, franchement froid quoi. Je replace mon bonnet sur mon crâne et fout mes mains dans mes poches. Je grimace, le vent me mord les joues et le nez. Je lève la tête vers les arbres, leurs cimes se dressent en pics au dessus de ma tête. Si petite, si insignifiante. Si..Moi. Une brume fine s'élève dans la forêt et je suis dans l'obligation de croiser mes bras sur ma poitrine, prise de frissons. J'ai donné rendez-vous à Itachi par SMS. Je sais que c'est étrange, mais je ne me voyais pas aller le voir, pour lui demander un Rendez-vous, ça n'aurait pas été franchement logique quoi. Bref. Je sors mes mains et poche et souffle dedans pour les réchauffer. Le temps s'est refroidit assez rapidement. Trop rapidement je trouve. De toute façon, tout va trop vite ici. Je passe au dessus d'un tronc qui me barre le chemin et grommelle lorsque je m'y érafle les paumes. Quelques mètres plus loin, j'entends enfin le bruit du cours d'eau qui me révèle que j'y suis presque. Quelques minutes plus tard, et quelques griffures plus tard, je perce au travers d'un buisson, et fixe la rivière qui courre sur les galets.

Je m'approche du cour d'eau et m'assied en tailleur sur une pierre plate, regardant l'eau translucide défiler au grès du courant. Avec un petit soupire, j'y fait glisser le bout de mes doigts, observant l'eau jouer avec, les éviter, s'y fondre. Je me concentre sur mes éraflures causée par ma balade en forêt et elles disparaissent, cicatrisant. Je relève la tête. J'ai pas rêvé. Un petit flocon se pose sur ma main et y fond immédiatement. Un petit sourire étire mes lèvres. L'hiver est enfin là.
Je regarde derrière moi pour voir si il arrive. Toujours personne.
J'attendrais encore.

Neiiigeee~  

Je crois que j'ai perdu. Que j'ai voulu perdre, la seule guerre qui méritait que je gagne. Cette guerre était ma liberté, c'était le vent dans mes cheveux, c'était continuer seule, et si ça s'arrête, ça aurait été une belle histoire. Sauf que voilà, les choix de ma vie m'ont privé de cette liberté. De pensées, de mouvements. Parce qu'à ma main j'ai l'esprit perdu de ma fille, dans l'autre main, la paume d'Edwar. Et perdu, oui, perdu quelque part dans mon cœur, il y a Itachi. Mais il doit être sacrément paumé, parce que moi, il me file entre les doigts. Alors je me contente de le regarder m'échapper, avec un petit sourire discret. J'ai envie de lui dire que je suis fière de lui, que je suis fière qu'il ai réussit à me laisser partir.
Je ne crois pas que notre histoire soit finie. Je pense qu'elle commence à peine maintenant. Une histoire pas franchement rose, mais pas morose non plus. Se sera une histoire qui aura vécue, une histoire qui se sera fait connue. Sauf que voilà, le mot Amour est fragile, et on est comme des funambules sur un fil. « On est comme des navires fous qui ne savent plus ou jeter l'encre. »  
Cette phrase me tourne en tête. Pourtant elle me paraît fausse. Fausse car j'ai sût jeter l'encre avant de me laisser naufrager. Mon encre, ma bouée encore amarrée, c'est Edwar. Et je ne veux pas couler, non, j'veux pas sombrer. Parce que je sais que ça va me crever. Je veux plus partir, j'veux plus le faire souffrir. Je veux plus pleurer, je veux plus espérer. Je veux juste aimer et l'être en retour.

« Salut… »

Je retire ma main de l'eau froide, c'est bon, c'est maintenant.  Pas que tout va se jouer, c'est juste que c'est maintenant que je sais que je vais le perdre définitivement. Que j'aurais beau fouiller dans mon cœur, et qu'il y sera plus. Il aura emménagé pour une autre. Et alors là, je sourirais de nouveau discrètement et même si il m'oublie, moi je le ferai pas. Parce que j'ai promis, parce que je sais que y a son empreinte dans moi. Il pourra toujours s'incliner devant une fausse blonde, qui le traîne à la cime, qui le traîne à la tombe, moi je l'oublierais pas. Il pourra sortir avec toutes les nanas possible, celle qui lui montreront le ciel avec une " Je t'aime". Je ne suis pas une fille qui oublie facilement. Dans mon cœur, j'ai pas mal de place. Dans mon coeur, il y a Finn, Itachi, Edwar, Arya, ma mère. Il y a tellement de gens.

« Salut. »

Je suis toujours de dos, mais si je me retournais, je devrais me précipiter vers lui, et ça, se serait juste recouvrir de sel cette plaie qu'est mon cœur. Je me relève doucement, les poings serrés. Je ne suis pas en colère, je le suis plus de toute façon. J'ai plus la force d'être en colère. J'ai plus l'envie de toute façon.
J'ai plus qu'envie de crier, de crier encore, de me faire crucifier le cœur. Mais tu sais, moi j'ai plus de raison de vivre, et pourtant, moi, je m'y accroche. Je m'y accroche, pour que ma fille apprenne la patience, la seule chose que je peux encore lui apprendre.

Je me retourne vers lui, laissant bien un mètre entre nous. Il à.. changé. C'est les émotions qui ont creusé ces creux dans ses joues, c'est la douleur qui l'a changé. Et tout ça, à cause de moi. Je ne le laisserait pas crever, changer à cause de moi.

« Comment tu vas..? »

J'ai envie de rajouter " depuis le temps ?" sauf que le temps, j'ai l'impression qu'il est mort, que le temps s'écorche dans l'espace, dérape, s'engouffre.
Que le temps, il se fracasse.

Vous m'aurez plus ~  

Je crois que je me suis abîmée. Que je me suis écorché à un cœur trop aiguisé. Tant pis, même si ça laisse des trace, même si ça détruit. On se reconstruit, on lève la têt et on sourit. Parce que de tout façon, le soleil brille encore, à la lueur de nos morts. J'aurais toujours beau me retourner, je sais que je peux plus faire marche arrière. Alors je les vois. Père et fille, main dans la main. J'ai souvent envie de courir vers eux, mais je réalise qu'une épaisse frontière me sépare d'eux. Mais je lutte pourtant, encore et toujours. Je lutte pour revoir l'expression de joie qu'avait Finn lorsque je suis sortie de la maternité. Je lutte pour caresser à nouveau la joue de ma fille. De mon bébé, de ma toute petite fille. On dit que lorsque les parents meurt, les enfants ressentent leur propre mort. Mais lorsque c'est l'enfant qui disparaît, c'est l'immortalité du parent qui s’efface.
Si vous saviez, l'horreur, l'impuissance, que j'ai ressentis lorsqu'elle est morte. Ce désespoir qui vous enlève tout, sauf votre vie. Une vie qui n'a plus d'importance. J'ai crié, pleuré, perdu. Perdu mon enfant.  Si vous saviez à quel point j'aurais aimé qu'elle prenne ma vie, qu'elle me prive de mon coeur. Si vous saviez à quel point j'avais espéré qu'elle rouvre ses yeux bleus, que je puisse m'y replonger. J'aurais voulu qu'elle reprenne mon index dans sa petite main. Mais il y avait plus de main, il y avait que du sang. Du sang partout. Des morts, partout.

«  On va dire que c'est dur de t'oublier. »

On va dire que c'est du d'avancer, sans regarder derrière. On va dire que c'est dur de respirer, sachant que votre coeur ne sert plus qu'à vous faire vivre. On va dire que c'est dur d'aimer, lorsque vous avez peur de tout briser. On va dire que c'est dire d'oublier, d'oublier tout les morts qui s'accrochent à vos poignets.
Donc oui, je sais que c'est dur, la vie, c'est dure. C'est pas une partie de Monopoly, c'est pas une soirée en amoureux. La vie c'est un putain de piment rouge. Un truc qui vous ronge. Mais le but dans la vie c'est de ne pas se laisser se briser contre les rochers de la fierté.

« Et toi, tu vas bien ? »

Je sais même plus si je dois rire ou pleurer. J'en ai marre de ce cœur, mon Dieu qui ne bat plus.
J'en ai marre de ses yeux qui ne se ferment plus la nuit. J'en ai marre de ce corps qui se brise plus vite qu'une allumette. J'en ai marre de moi. Mais je me bats. Se battre est un choix, Arya. Se battre c'est savoir qu'on va perdre. Se battre, ma fille, c'est savoir que les gens te crèves, mais que tu peux les écraser. Se battre, c'est crier, se battre c'est remettre son coeur droit lorsqu'il se renverse. Se battre, c'est savoir reconnaître le sourire qui te rend forte, ou celui qui te laisse devant la porte.
Arya, maman veillera sur toi.
Arya, maman elle n'a plus que toi.

« Ahaha. Non. »

Avec un petit sourire, je passe une main dans mes cheveux, y chassant de minuscules flocons.

« Ever est revenue. Non ? »

khfjkslh ~

J'ai remarqué que les choses changeaient, que les gens progressaient, qu'ils oubliaient, ou alors juste qu'ils faisaient une croix dessus. J'ai fais des croix sur tant de choses que j'aurais pus en faire un tableau. Des croix, oui, j'en ai fais. Une sur Itachi. Une sur tant de choses, qui me paraissait.. Non pas nuisible, mais qui m'aurait mise en danger. Et rester avec lui, m'aurait mise en danger. d'une façon ou d'une autre, alors je l'ai laissé. Enfin, on s'est laissé mutuellement, et d'un côté, j'en suis plutôt heureuse. C'est tellement plus agréable de ne pas faire semblant, de ne pas souffrir.

« Oui, je suis au courant. »

Je l'aurais parié dans mon fort intérieur. Bah oui, Ever et Itachi, c'était quand même quelque chose. C'était.. C'était un vrai couple, enfin de ce que j'en avais vu, c'était un couple qui s'aimait.
Un petit sourire apparût sur mon visage. j'étais heureuse. Même si ma fille était morte, même si Finn était je-ne-sais-où, j'avais réussit à retrouver le sourire, le vrai, le sincère. Celui qui à fait partir Itachi pour faire revenir Edwar. Pour faire revenir la seule personne que j'avais sans doute un jour franchement aimé.

« On est de nouveau en couple. »

Mon sourire s'élargit encore plus. Cette fois-ci, je sais qu'il n'est plus accroché à l'épave de nos sentiments, je sais qu'il vole tout seul. Je passe une main dans mes cheveux pour retirer les flocons humides et réajuste mon bonnet.

« Félicitation pour vous ! C'est franchement bien que... »
« - Je ne t'ai pas oublié si vite, Chiara. Je ne t'oublie pas. Je ne t'oublierais jamais. Et pour une fois, tu peux me faire confiance. »

Je me renfrogne un petit peu. Itachi, fait les choses correctement. Aime la fille qui t'aime, et ignore celle dont ses sentiments pour toi sont morts. C'est dur, oui, mais c'est comme ça. Et j'aime pas faire semblant, j'aime pas porter des masques, ça m'empêche de respirer.

« Je n'en demandais pas autant. J'espère que toi et Ever serez heureux. Sincèrement. »

Et je le pense franchement. J’espère qu'il pourra vivre des histoires autrement mieux que la notre, j'espère qu'il aura des chagrin d'amours, j'espère qu'il aura une vie juste normale. Sur ce, je passe devant lui, et m'enfonce dans la forêt.