Quinze lignes? C'est pas un peu...? Ouais. Ca ira pour cette fois, mais faudra que je discute du prix de ma narration avec l'auteure là. C'est gonflant, de parler dans votre tête au fil de votre lecture, et vraiment fatiguant en prime. J'y réfléchirais quant au prix, je compte bien demander le triple de ce qu'elle m'avait promis. C'est-à-dire rien, en fait. Trois fois zéro, zéro. C'est déprimant. Dire qu'avec vous, méprisables humains, tout à un prix.
Voyons... Laissez-moi réfléchir un instant, on a le temps.... Ah oui. Oui oui. Je vois où je vais commencer. Mais je tiens à vous informer que je vais vous épargner certains détails, Comme tous les narrateurs, bien sûr. Mais... Ouais vous avez raison; commençons, cher ami.
Gildwen n'a pas toujours méprisé à ce point les animaliks. J'en profite pour ajouter un éléments qui aurait paru faussé, mais qui est bien présent, dans la description du caractère. Gildwen a un sens très développé de la justice. Il peut paraître erroné, à présent. Mais s'il voyait des personnes malintentionnées agresser un animalik sans que ce dernier ne puisse se défendre, quoiqu'il en dise, il ne pourra pas s'empêcher d'aller l'aider. Parce qu'il a horreur des injustices. Il en a horreur.
Gildwen a été élevé par des parents aimants, au sein d'une famille unie et soudée. C'est rare, des conditions de vie comme celle-ci dans ce forum, et c'est d'autant plus précieux. De toute façon, rare ou pas, Gil tenait à sa famille. Il tenait à la vie. Il aimait de tout son coeur ses proches.
La première fois qu'il croisa un animalik, ce fut vers ses huit ans. Non. J'ai mal formulé ma phrase. La première fois qu'il côtoya Elric, ce fut vers ses huit ans. C'était un jeune garçon roux. Ses cheveux autant que sa belle et soyeuse queue et ses oreilles de renard enflammées plurent beaucoup à Gildwen. Autant que son air inutilement, lui semblait-il, effrayé. Inutilement. Quelle innocence. Si seulement. Si seulement le monde entier était tolérant.
Le jeune nouveau avait raison d'être effrayé. Tous les enfants ne sont pas élevé dans un vœu de tolérance, et à la moindre différence, on devient facilement la cible de tous. Gildwen l'apprit rapidement. Le nouveau se retrouva bientôt seul et isolé. Des rumeurs mauvaises et malsaines courraient à son sujet. Pourtant, Gildwen n'y fit pas attention. Ce n'était pas un garçon de ce genre. Il leur fit un doigt d'honneur, à tous, comme eux faisaient tous un doigt à Elric. Il devint en un rien de temps un grand ami d'Elric. Au-delà de sa timidité, c'était un garçon très sympathique, cet Animalik, qui voulait combattre l'intolérance, plus tard. De nobles projets. Qui seraient vite soufflés et remplacés par la haine la plus totale des humains dès l'apparition de son pouvoir.
Oh, Elric, pourquoi a-t-il fallu que tu changes tant, changeant en même temps Gildwen? Pourquoi a-t-il fallu que les autres décident d'aller au delà de la distance qu'ils avaient placés eux-même? Pourquoi avez-vous tous fait vœu de violence?
C'était un matin d'hiver. Le premier jour de neige. Le sang d'Elric allait salir ce sang si blanc ce jour-là. Tous les enfants de la classe, s'était rassemblés autour de l'animalik, profitant de l'absence au motif inconnu de Gildwen ce matinée-là. Il faisait si froid.
Les élèves appréciaient beaucoup Gildwen. Il parlait bien, était sympathique est très gentil. Mais depuis qu'il était avec l'animalik, il se faisait plus distant, et lorsque vous discutiez avec lui, il ne pouvait s'empêcher de demander pourquoi votre amabilité ne s'appliquait pas à Elric.
Alors, tous ensemble, menés et convaincu par "le gros dur de la classe", un dénommé Alex, ils se mirent d'accord sur le fait que le problème, c'était Elric, pas eux. C'était aussi un peu Gildwen, mais la plupart refusait catégoriquement de le battre, et ils menaçaient même, comble du comble, d'aller se plaindre à la maîtresse, c'était dire. Oui, vous avez raison, c'est mal de se moquer. Que voulez-vous, c'est plus fort que moi.
Les filles entourèrent avec curiosité la "chose", tandis que les garçons, à tour de rôle, lui assénaient les coups. Dans le ventre. Dans le nez. Dans l'oeil. Même quelques filles lui donnèrent quelques coups de pieds. Ils se moquaient bien, tous, de ce que pouvait bien ressentir le brimé. Ils ne voulaient pas le savoir.
Seule Elyon, une petite blonde d'une timidité maladive, se tenait à l'écart, apeurée. Elle aurait pu aller les dénoncer.
Mais elle aurait pu recevoir des coups elle aussi, ensuite, et elle était bien trop terrorisée pour crier. Non, ce jour-là, Elyon se contenta de soutenir le regard douloureux d'Elric. Tiens bon, se disait-elle. Je t'en supplie, tiens bon. Pauvre Elyon.
«Qu'est ce que vous faites? DÉGAGEZ!!»
Tous sursautèrent et se retournèrent au son de cette voix qu'ils avaient tous reconnu. Soulagement pour la victime. Honte et gêne pour les acteurs.
Gildwen les fusillait du regard. Il les bouscula violemment avant de s'arrêter, debout devant Elric.
« Que... Qu'est-ce que tu fais là Gildwen?, se risqua l'un des amis d'Alex, blême.
- Qu'est-ce que je fais là? Toi qu'est-ce que tu fais là, Onuro! Qu'est-ce que tu fais encore là, devant moi? Pensais-tu vraiment que je serais absent pour toute la journée pour un rendez-vous?
- Un rendez-v... ? »
Le poing s'écrasa sur la visage d'Onuro avec une violence inouïe, décuplée par la colère.
« Ça te fait mal? hurla-t-il pour couvrir ses gémissements. Réponds, sale lâche, ça te fait mal?! Et vous?! fit-il en toisant les autres. Vous voulez vous battre loyalement avec moi? Non bien sûr! enchaîna-t-il face au silence. C'est moins facile, tout seul face à quelqu'un de votre niveau, voire largement au-dessus!»
Il se tourna vers son ami et le soutint pendant qu'il se relevait péniblement. Ils marchaient en direction de l'infirmerie, s'éloignant du groupe noyé dans un silence abruti quand une fille le retint.
« Dis... euh... Gildwen... Tu vas nous dénoncer?
- Parce que tu veux dire que tu pensais que tu n'allais jamais payer les conséquences de tes actes? Il fallait y réfléchir avant!»
Il se dégagea et continua sans un regard en arrière. Personne ne vit Elric tourner avec difficulté la tête. Personne ne vit la lueur si différente de son regard, si profondément englouti de haine. Personne sauf une petite fille blonde aux yeux brillants de soulagement et de peine, qu'Elric lui-même ne remarqua pas.
Les années passèrent. Elric devint de plus en plus distant, et ils s'éloignèrent peu à peu. C'était en 3ème que l’événement se produit. Le déclencheur provint d'un changement en Elric. L'apparition de son pouvoir, pour être plus précis.
Gildwen n'avait pas perçu le changement de mentalité d'Elric. Il n'vait pas perçu qu'il avait désormais une haine indicible en lui. Et que ces principes étaient tout sauf la paix et la tolérance. Gildwen avait entendu dire qu'Elric s'était fait d'autres amis animaliks, qu'on disait gentils autrefois mais qui avaient changé après l'entrée au collège. Gildwen ne les aimait pas. Mais qu'importe. Il y eut quelques épisodes avant celui que je vais narrer, sans trop d'importance. Par exemple, la mort d'Alex, d'une leucémie, puis d'Onuro, d'un suicide. C'est pourquoi je passe outre des détails ou même des résumés, et que je vais tout de suite vous raconter ce qui a vraiment produit des changements. Ce qui a été important dans la vie de Gildwen Elenyard.
Peu importe la saison. Voici les faits qui seront intéressants à savoir pour la suite: Elyon était dans la même classe qu'Elric. Gildwen n'était pas dans la même classe qu'Elric. Commençons. Récit, s'il vous plaît! Ça change de Lumière!, et c'est plus dans le contexte.
« Bien, j'ai besoin de quelqu'un pour amener ces papiers à l'administration, qui peut manquer pour quelques instants le cours. Gildwen? Oui, vas-y, ça me paraît d'autant plus logique que tu es délégué, cette année. »
L'intéressé se leva, prit les papiers sans tenir compte du sourire mi-amusé, mi-moqueur de la professeure, et sortit en claquant la porte. Non, ce n'était pas un accès de colère, c'était juste pour fermer la porte.
L'administration était plutôt loin du bâtiment où il se trouvait, et il prit sa direction d'un pas tranquille.
Laissez-moi vous faire un courte description de l'endroit. Il y avait, dans le collège, un endroit où les élèves n'avaient pas le droit d'aller, tout simplement parce qu'il était difficile à surveiller, et qu'en plus il était très isolé. Mais on était obligé d'y passer si on ne voulait pas faire un énorme détour pour entrer dans l'administration. En général, il n'y avait pas un chat. Sauf cette fois-ci. A l'allure à laquelle il allait, Gildwen compta cinq minutes pour combler la distance et amener les papiers. Ce serait cinq minutes de trop.
« Il me faut deux personnes pour amener la nouvelles imprimantes à l'administration. Non, pas cent mille, juste deux j'ai dit. Bon, euh... Elric et... Elyon, puisqu'elle ne lève pas la main. »
Le surveillant désigna le lourd carton en ajoutant:
« Il vous faudra le porter à deux.
- Mais monsieur! Si Elyon n'a pas levé la main, c'est qu'elle ne voulait pas sortir de cette salle d'étude puante! Prenez des volontaires! cria un élève qui était apparemment l'un de ces volontaires.
- Puisque vous êtes si volontaire, venez donc m'aider à trier des papiers en heure de colle, Monsieur Huître.»
Oui, les élèves sont tous esclaves dans cet établissement, hemhemhem.
Le groupe de deux sortit donc, peinant sous le poids de l'objet (surtout Ely mais tout le monde s'en branle), empruntant le chemin de l'administration. Ils étaient beaucoup moins loin que Gildwen. Et étaient partis plus tôt, même si vous le saviez pas.
Elric lâcha le carton à l'endroit que je vous ai décrit plus haut. Elyon ne put supporter son poids à elle seule et trébucha, tomba et reçu le poids de l'imprimante sur les doigts. Elle se mit aussitôt à crier. Ca peut vous paraître exagéré. Mais sachez que c'était vraiment très lourd, donc chut, vous auriez fait pareil. Elle les retira à grand peine, rouges et aplatis, sous l’œillade dédaigneuse de son compagnon.
Ce qui s'est passé ensuite me paraît bien trop horrible de mon point de vue de narrateur pour être raconté. Quoique non, voici la vérité: j'ai autre chose à faire. Voilà. Ne me traitez pas de sans coeur, un narrateur n'a pas de coeur. Si j'avais tout raconté en détail, vous ne l'auriez même pas lu, en plus, alors franchement ne vous plaignez pas. Je vais donc résumer la suite. (P.-S.: En vrai, j'ai vraiment raconté ce passage bien comme il faut, mais tout a été effacé. Et pis c'était glauque quand même.)
J'étais déjà passé rapidement sur le fait je pense. Elric avait beau avoir été un adorable personnage, les années l'avaient changé.
Mes phrases suivantes ne seront être que des misérables euphémismes. La langue française n'est encore pas assez riche.
L'immense haine d'Elric envers serait sortie un jour, de toute façon. D'autant plus qu'il croyait fermement que les Animaliks étaient supérieurs aux humains. Pour lui, c'était clair. Pourquoi auraient-ils un pouvoir et seraient-ils mi-humains mi-animaux, sinon? Les dieux égyptiens et les créatures légendaires n'avaient-elles pas des parties animales et certains pouvoirs aussi?
Il fallu que ça tombe sur Elyon. C'est un pur hasard, mais le fait que ce soit elle et pas quelqu'un de moins innocent rend la chose... Plus horrible, disons.
Elric laissa tomber la lourde caisse. Elyon tomba avec cette dernière. Gildwen arriva trop tard, beaucoup trop tard. Il tenta de protéger Elyon et s'en sortit avec seulement une longue balafre profonde dans le bras. Les secours arrivèrent. Elric fut envoyé en maison de correction, n'ayant pas l'âge d'aller en prison. Il s'y échappa (bien sûr). Et puis Elyon mourut peu de temps après de ses blessures.
Laissez moi encore vous raconter.
Gildwen connaissait peu Elyon, mais il la veilla jusqu'au bout, seul. Il le devait. Après tout, n'était-ce pas son ancien meilleur ami et protégé qui l'avait mise dans cet état? Hormis lui, il n'y eut personne. Sa mère arriva après. Bien après.
C'était Elyon la plus mal en point, mais pourtant Gildwen tremblait plus fort qu'elle. Et il cessa de trembler encore plus après qu'elle est cessé de trembler, pas pour la même raison que lui.
C'est comme ça que naquit le profond dédain de Gildwen envers les Animaliks. Il se creusa encore lorsqu'il put constater que les massacres d'humains par les Animaliks étaient la seconde cause de mortalité dans le monde. Et encore lorsque partout, où qu'il soit, il pouvait entendre les méfaits des Animaliks. Plus lorsqu'il assista lui-même à leur violence. L'impuissance. Quelle sensation affreuse. Elle s'imprègne en vous en parasite, et vous feriez tout pour l'oublier. En essayant de la transformer par exemple. Me comprenez vous?
Oui, c'était ça. La violence. Chez eux tout n'était que violence. Mépris des vies. Barbaries. Massacres. Cruauté. Des dieux? Qu'avaient-ils donc d'aspect des dieux, sinon leurs règlements de comptes incluant toujours des innocents? Des victimes dans leur enfance? Ils le rendaient bien, eux, plus grands, lorsqu'ils en avaient la capacité, méprisant même ceux qui les avaient aidé.
Non, décidément, les Animaliks n'avaient pas de points positifs. Ils n'avaient aucune raison d'être, aucune. Sinon celle de tuer et de faire le vide. Sinon celle d’anéantir tout sur leur passage. Pire que des humains.
Voilà. Gildwen est venu s'installer dans une ville à dominante d'animaliks. Il travaille dans une épicerie pour pouvoir payer ses études ensuite. Et puis voilà quoi. Ca va bien se passer. C'est ce qu'on espère tous, n'est-ce pas? N'est-ce pas?