Abel ne se décrirait pas comme étant quelqu'un de bien charmant, du moins, physiquement. Il préfère se dire cela que de se surestimer un peu beaucoup trop. Modeste, n'est-il pas? D'un autre côté, c'est difficile de se dire qui est beau et qui ne l'est pas, voyez-vous. Tout dépends de nous, en fait.

Le jeune suédois, du haut de ses 1m75, arbore une jolie peau blanchâtre, propre aux pays nordiques. Abel ne se rase pas souvent, laissant alors pousser quelques poils formant une barbe d'un jour. De belles dents blanches, une apparence très soignée, des muscles bien définis. Mais ce qui saute aux yeux, et bien, ce sont ses prunelles d'un ambre terrorisant et envoutant. Des yeux qui ne voient rien mais qui disent tout. Des yeux qui vont toujours s'aventurer autour de vous, mais qui ne vont jamais vous confronter du regard. Une course sans fin envers cette espèce de validation. Ces yeux, qu'il cache par de jolies lunettes fumées d'un rouge bourgogne. Abel est un livre ouvert, pour son plus grand désarroi. Mais un homme qui se laisse diriger par ses émotions et non pas par le principe de garder sa virilité, c'est plutôt rare.

Presque toujours accompagné de sa canne, grande annonceuse de sa 'condition', Abel se promène fièrement dans la rue, la tête haute, le sourire aux lèvres. Ironique est-il qu'il ne peut pas vous voir par ses yeux, mais cela ne l'empêche pas de prendre connaissance de votre présence. L'infirmier a quelques écailles sur ses avants-bras et sur son cou, et ses canines sont beaucoup plus pointues que la normale. Son sourire pourrait illuminer le monde entier.

Aussi adorable que détestable, Abel est avant tout réputé pour son désir intense d'égalité. Si quelque chose est injuste, il risque d'y mettre son nez, dans des affaires qui ne sont guère siennes. On ne peut pas vraiment lui en vouloir, disons. Même si nous lui en voudrions, cela ne l'empêcheras pas de continuer. Abel tient à ses principes plus que tout au monde, et c'est ce qui est respectable chez lui. Même si vous ne l'aimez pas, vous ne pouvez pas dire que vous ne le respectez pas. Martyr pour le bien des gens qui lui sont proches, il lui arrive beaucoup trop souvent de le retrouver à moitié mort -mais dormant paisiblement- dans la rue. Il n'a pas besoin de guérison complète, non, même s'il est infirmier, Abel se relevera dès qu'il en sera capable et il se remettra à marcher avec un férocité nouvelle. C'est comme si à chaque fois qu'il tombait, qu'il s'effondrait, il retrouvait des forces, encore et encore. Ce qui est à la fois inquiétant pour sa santé, mais rassurant pour son esprit.

Il aime bien se donner des airs d'homme froid, alors qu'il est tout le contraire. Chaleureux, mais pas trop. Généreux, mais pas trop. Le "pas trop" est bien, bien important. C'est Abel, ni gentil ni méchant, ni noir ni blanc. Parfois ça lui arrive de vaciller vers tel ou tel caractère, mais Abel reste quelqu'un qui n'est pas 'trop' quelque chose.

Il y a des dizaines et des dizaines d'alternatives pour voir le monde autrement qu'avec ses yeux. On me l'a fait comprendre bien rapidement. Tu m'entends, donc tu me vois. Tu me sens, donc tu me vois. Tu me touche, donc tu me vois. C'est ce que ma mère me répétais encore et encore alors que mon champ de vision ne se résumait qu'à du noir envoûtant. C'est ce qui me permettait, comment dire, de ne pas vraiment perdre la tête. Perdre la tête pour ne rien voir aujourd'hui me semblerait anodin, mais lorsqu'on est jeune, qu'on est naïf et qu'on ne comprends pas pourquoi nous, on n'est pas comme les autres, on aurait tendance à la perdre, sa tête. Si je suis là encore aujourd'hui, c'est bien pour une raison, et c'est celle de ne pas avoir perdu complètement la tête. Lorsqu'on est né avec l'incapacité de voir, on s'habitue beaucoup plus rapidement que si on l'avais perdu au cours de route.

Né à Stockholm dans une famille bien aisée, Abel était un fils prodige malgré son handicap. Il réussissait ses cours avec brio, même l'éducation physique. On se demandait si cela avait rapport avec sa condition d'Animalik, et certes, ils n'avaient pas tort. Abel avait développé son pouvoir dès qu'il était rentré à l'école spécialisée, ce qui faisait en sorte qu'il était le premier de la classe. Ses parents étaient si fiers de lui, si... enchantés de voir leur enfant grandir comme si il n'avait rien du tout. Ce petit mensonge les enchantaient au point de les rendre euphoriques. Puis après sa mère tomba enceinte à nouveau. Moment de panique: sera-t'il comme Abel? Animalik et handicapé? Malgré ce tourment les torturant, ils décidèrent de le garder, peut-être que cette fois-ci rien de spécial n'arrivera. Car oui, les parents d'Abel ne le voyait pas comme étant normal. Il s'épanouissait comme un gamin de son âge, et pourtant sa mère ne voyait en lui qu'un étranger? Les yeux ambres de Abel l'effrayait. C'est pour cela qu'elle décida de lui faire porter des lunettes fumées dès qu'elle en fut capable pour cacher cette paire d'iris glaçant le sang. Bien sûr, Abel n'en était pas conscient. Il ne savait en aucun cas que ces yeux étaient anormaux physiquement. Il compris plus tard lorsqu'il fut capable de définir les émotions dans la voix de ses interlocuteurs et que sa mère lui avait dit, d'un ton hésitant et distant, que ses yeux étaient merveilleux. C'est à partir de ce moment que Abel savait qu'il était différent, non pas à cause de son handicap, mais à cause de ses bosses écailleuses se dispersant sur son corps. Sur ses dents plus pointues, lorsqu'il passait sa langue sur celle-ci. Il ne savait pas à quoi ressemblait un humain 'normal', mais il savait très bien qu'ils n'avaient pas ce genre de caractéristiques. Il l'avait lu dans les livres à l'école.

Puis après il y a eu sa petite sœur, affreusement banale, contrairement à lui. Il n'était pas dur de douter qu'on la qualifierait de miracle si on la comparait à Abel. C'était un simple fait, après tout. Il ne pouvait s'empêcher d'envier sa sœur malgré tout, même s'il l'aimait bien plus que ses parents. Sa petite sœur s'en fichait de la condition de Abel, pour elle, c'était son frère, et s'il voulait pas jouer aux barbies avec elle, elle le détestait. Mais jamais, au grand jamais, elle l'avait insulté pour ses écailles, ou ses yeux. Et ça, Abel appréciait terriblement. Surtout que les enfants, c'est connu pour savoir frapper où ça fait fait plus mal. Du coup il était reconnaissant que la seule remarque qu'elle faisait était "t'as le pif de Pinocchio".

Un jour, alors qu'ils jouaient à l'extérieur, décidant de profiter du beau temps se faisant rare, Abel frappa brusquement sa sœur à la colonne vertébrale, sans faire exprès. Il avait lancé un boomerang du plus fort qu'il pouvait, et le dirigea vers sa sœur, s'imaginant que celle-ci serait capable de l'attraper. Ce qui échoua misérablement et résulta à une visite à l'hôpital. Quelques heures après de multiples échographie, on déclara que la jeune fille s'était sectionnée la colonne vertébrale en deux, ce qui résultait en une paralysie totale du bas du corps. Abel avait du mal à y croire, mais c'était bien réel.
Il avait causé tout ça.
Ce qui lui semblait avoir été comme un geste banal avait blessé, gravement même, la personne qu'il voulait protéger à tout prix.
Remords et tristesse envahirent le corps du jeune Lazarus, et les dires de ses parents n'aidèrent pas, déclarant que tout était de sa faute, que pour une fois qu'ils avaient quelque chose de normal, de banal, Abel devait le détruire. Sa mère utilisa même le terme de monstruosité quotidienne. Abel fondit en larmes, acceptant les accusations de ceux-ci sans broncher. C'était de sa faute, c'était de sa faute, c'était de sa faute.

Arrivé à la maison, Abel s'enferma dans sa chambre, et y resta des jours entiers sans même manger une miette. Il pleurait à s'en déshydrater, et se laissait mourir à petit feu. Il n'avait que ce qu'il méritait, se répétait-il encore et encore. Son père, un soir, décida de forcer la serrure et rentra violemment dans la chambre du jeune garçon, l'agrippant par la nuque. Il le menaça avant de fondre en larmes, visiblement ivre, et de le serrer fort dans ses bras. Abel remarqua les coupures sur le visage de son père mais resta silencieux. Son père lui demanda ensuite de faire ses valises et de ne souffler mot à sa mère, et Abel s’exécuta. Son père avait beau se montrer froid envers lui lorsqu'il était en compagnie de sa mère, mais Abel pouvait sentir le regret dans son ton de voix, si bien caché soit-il. Ils sortirent donc de la maison alors que la mère dormaient et s'installèrent dans un loft très loin de celle-ci. C'était la dernière fois qu'Abel l'avait vu, et pour être honnête, c'était tant mieux. Du jour au lendemain, elle avait mystérieusement disparue Dieu seul ne sait où. Sûrement avec un amant, ou autres, son père lui disait. C'était mieux ainsi. Ils étaient très proches maintenant, Abel et son père. Ils visitèrent à chaque jours la jeune sœur, lui murmurant des mots doux et encourageants, prenant soins d'elle. Abel adorait regarder les infirmières à leurs boulots, et se dit aussitôt qu'il voulait faire comme elles. Et c'est ce qu'il fut. Son père paya des sommes catastrophiques pour faire rentrer son fils à l'université, travaillant le plus souvent qu'il pouvait pour vivre une vie décente. Tout allait pour le mieux. Tout était si parfait.

Abel décida de quitter le nid familial pour aller dans le coin de l'Internat Animalik, n'hésitant pas à aller rendre visite à sa figure paternelle et à sa sœur adorée dès qu'il le peut. Il avait juste besoin d'un peu de solitude, d'indépendance.

J'suis communiste et le code c'est validé. C'est comme demander pour Staline n'est pas Hitler. Pourquoi Obama n'est pas Poutine. Pourquoi la vie n'est pas la mort. J'suis dedans ouhla.
Faut détruire le capitalisme.