Swan R. Macbeth Timide
profil Messages : 30 Date d'inscription : 11/01/2016 Sur l'avatar ? : Tuppence Middleton
| Sujet: /LIBRE/ - My sweet summer Sam 23 Juil 2016 - 13:30 | | L’été. Là où beaucoup associent l’été à tout un tas de petits plaisirs épars, il ne s’agit pour elle que d’un supplice aussi réglé qu’une horloge. Chaque année, la venue du mois de juin est terriblement redoutée, et une fois celui-ci entamé, l’attente du mois d’octobre se fait languissante. Certes, banaliser la consommation de glaces ou la très petite longueur des shorts est très appréciable. Mais la chaleur qui les accompagne, elle ne pouvait s’y accoutumer. Ne faisant qu’un avec la glace, l’été est pour elle la personnification même de son antagoniste. Si ressentir le froid lui est impossible, sa sensibilité au chaud n’en est qu’exacerbée. Elle avait bien essayé de s’envelopper en permanence d’une aura de fraicheur, mais celle-ci disparaissait aussi vite qu’elle la faisait apparaître, noyée dans son environnement. Il lui fallait dépenser quasiment quatre fois plus d’énergie pour utiliser son pouvoir en été qu’en hiver. Elle qui se sentait déjà démunie face à ses camarades de manière générale, avait à présent la même sensation qu’une biche se retrouvant soudainement avec un canon de fusil planté entre les deux yeux. Tout en étant embourbé dans des sables mouvants. Avec quatre pattes cassées. En bref, à la merci du plus fort.
Tout ceci expliquant sa présence au milieu des bois à l’heure du déjeuner, alors que le soleil est au plus haut. Elle essayait, d’une part, de se cacher des rayons ardents du soleil en restant à l’orée des bosquets, et d’autre part, de se cacher des autres en lesquels elle n’avait qu’une confiance très limitée. Le fait qu’elle soit pourvue d’un bon tempérament ne la rendait ni naïve ni stupide. Elle était aussi dangereuse aux yeux des autres qu’une simple humaine, et certains – certains seulement, inutile de généraliser – tendent à profiter de cette situation. Autant ne par leur simplifier la tâche en s’agitant sous leur nez. Allongée à l’ombre d’un imposant buisson, le haut-parleur de son téléphone diffusant une playlist d’indie folk tout à fait appropriée au cadre serein de son environnement, elle laissa ses pensées dériver de-ci de-là. Deux mois de vacances, c’est finalement bien long. Elle comptait en profiter pour rentrer voir son père, mais quelques jours seulement. L’idée n’avait pas eu l’air de ravir son paternel plus que ça, et elle n’y accordait pas tant d’importance non plus. Alors pour l’instant, elle avait préféré rester à l’internat. Si on en faisait bien vite le tour, c’était au moins le seul lieu où elle pouvait s’accorder d’être elle-même. D’autant plus qu’elle n’était attendue nulle part ailleurs. Cette idée fit planer sur elle une once de tristesse. Son incapacité à se lier profondément aux gens, qui lui convenait souvent, la plongeait aujourd’hui dans une plate solitude. Personne ne songeait jamais à prendre de ses nouvelles. Elle se secoua mentalement. Quand était-elle devenue aussi mièvre ? La faute lui revenait. Si elle souhaitait manquer à quelqu’un, il fallait qu’elle crée ce manque. Personne n’irait se jeter sans raison à ses pieds. Des flocons se posèrent délicatement sur sa peau blanche, la tirant de ses pensées. Son flot de mélancolie lui avait fait – encore – perdre contrôle de son pouvoir. Elle soupira tandis que la neige éphémère fondit instantanément à son contact. Sa simple présence donnait un aspect tout à fait irréel au paysage. Elle essuya d’un geste les gouttes qui perlaient sur ses joues, effaçant toute trace de cette perte de contrôle, qui la fit soupirer. Elle enroula une de ses mèches bleues autour d’un doigt, tirant dessus d’un geste mécanique qui eut pour effet immédiat de l’apaiser. Détendue, étendue dans une fraicheur relative et accompagnée d’un fond sonore bien agréable, elle s’endormit sans s’en rendre compte.
© nemoe sur epicode |
|