“I’ll swallow my blood before I swallow my pride.” Al Capone

Ce n'est pas parce que quelqu'un a fait des mauvais choix plus jeune, qu'il ne réussira pas dans sa vie. Ce n'est pas parce que quelqu'un a fait des mauvais choix plus jeune, qu'il est un monstre pour autant. Ce n'est pas parce que quelqu'un a fait des mauvais choix plus jeune, qu'il sera incapable d'agir logiquement à l'avenir. Parce qu'on se relève, on se bat, on lève le poing en l'air, on gueule, on se fâche, on se bat pour une cause qui nous est importante: notre réussite. Devon voulait réussir, il voulait gravir les plus hautes montagnes, ravir les grandes personnes, faire rire ses plus grands amis. Devon aurait aimé être la personne parfaite pour tout sa petite famille, le père présent, souriant. Mais Devon avait peur. Oh que oui, il avait peur, ce Devon. Devon n'est pas souriant, il ne fait pas rire et il ne donne pas envie de rire, son regard est de glace, et ses paroles, aussi tranchantes que la lame d'un couteau. Devon dégage une aura lourde en sentiments, des sentiments qui se contredisent, qui se bousculent, qui s'abîment. Il ne voulait pas de cette vie, il était trop jeune, et même en ce jour, il ne regrette pas une seule seconde d'avoir fait ce choix. Il n'en est pas fier au point de fêter devant cet événement, certes, mais il est conscient des conséquences que ce choix a causé. Mais ce ne sont que des conséquences qui ne sont pas mortelles, et on ne peut pas toujours avoir ce qu'on veut dans la vie. Le temps passe, on oublie, et ce qui était avant important, vous est maintenant ennuyant. Devon voulait auparavant avoir une vie hors de son travail, aujourd'hui cela lui fait peur. Une vie amoureuse, une famille? Impossible. Son travail est tout ce qui lui reste, et il aime bien trop ce qu'il fait pour abandonner. Devon était quelqu'un de solitaire de nature, mais depuis tout ça, il faut dire qu'il c'est encore plus refermé sur lui-même, au point où même son compagnon connait à peine la triste personne qu'est Devon. Devon boit, avec modération. C'est pas en se saoulant la gueule qu'il sera capable d'oublier, n'est-ce pas? Il ne peux pas oublier, et il ne veux pas. Roosevelt a quand même un bon fond, malgré qu'on ne le voit pas ressortir très souvent. Il s'inquiète pour les gens qui l'entoure même s'il est loin de le montrer. S'il tient à quelqu'un, il serait très facilement capable de se mettre devant cette personne pour la protéger de tout les dangers, comme il pourrait fuir lâchement, pour ne plus jamais revenir. Il est humain, Devon. Il est juste humain et tout cela l'accable, cette ville le terrorise, craignant de perdre la vie chaque jour.

“It's all too much and not enough at the same time.” Jack Kerouac

Devon est un vrai 'policier' dans tout les sens du termes. Pas aussi musclé que ces mannequins dans les magasines pour jeunes filles -il a 40 ans malgré tout- mais il est franchement loin d'être obèse. Il s'entraîne et ça se voit, pour son âge, il est franchement en bonne santé, ce Roosevelt. Mais la santé mentale et corporelle sont bien deux choses différentes, et souvent on fait trop d'un côté pour compenser celui qui est trop faible. Dans le cas de Devon, c'est le côté physique qui règne. Un peu trop. Il lui est arrivé quelque fois de tomber dans les pommes après s'être entraîné trop goulûment. Devon n'est pas bien grand, mais c'est surtout sa manière de vous regarder intensément avec ces yeux noisettes qui vous donne l'impression d'être devant un géant. Si je pourrais le comparer à quelqu'un, je dirais bien Napoléon. Il est petit, mais il est capable de grandes choses. Sauf que Devon n'est quand même pas aussi petit que ce cher Napoléon. Et il n'est pas français. Que dire de plus sur son physique? Oh, il a quelques cicatrices un peu partout sur son corps, mais sinon, il n'a rien de vraiment extraordinaire, sauf son regard perçant. 

“You looked like heaven and I felt like hell.” Unknown

Né d'une famille nombreuse au mauvais moment, quoi de mieux pour commencer sa vie? Devon était le jeune cadet de la famille, et donc il est très facile de déduire que ses frères et sœurs adoraient lui piler sur les pieds. Il était né alors que la famille commençait à faire faillite, ses parents avait un petit magasin de fusils en ville. Mais dans ce temps-là, les gens avaient d'autres pré-occupations que de s'acheter des fusils. La boutique fit faillite, la bouffe se faisait de plus en plus rare. Devon était le favori des parents, ce qui attisait encore plus la rage de ses aînés. Le jeune Roosevelt ne s'en pré-occupait pas vraiment, il était heureux et c'est tout ce qu'il comptait. Il s'enfermait dans sa chambre à longueur de journée, rêvant de criminels, de meurtres et d'aventures. La vie lui semblait si simple, si merveilleuse, si pleine de surprise que cela lui donnait envie de chanter. Alors il fredonnait des notes de sa petite voix, encore et encore. Puis les mots vinrent, l'assurance aussi. Et bientôt ses frères rentrèrent dans sa chambre en écrasant sa maison de lego, lui gueulant de se la fermer. Il se la fermait, Devon. Mais en dedans de lui il bouillait, il brûlait. La vie était si belle, dans ces temps-là. Parce que nos yeux sont petits. On ne voit pas plus loin que le bout de notre nez, on sourit, on hausse les épaules lorsque quelque chose de mal se produit, on laisse parfois tomber une ou deux larmes, mais on se relève et on continue de vivre. Simple. Simple, un mot qui n'existe plus dans la vocabulaire de Devon.

Devon reçut une bourse pour ses bonnes notes et alla étudier dans une belle université bien réputée pour l'excellence de leurs personnels. Il n'avait pas beaucoup d'amis, Devon, mais ceux qu'il avait, il les aimait plus que tout au monde. Mais il lui manquait quelque chose, à Devon. Mais qu'est-ce qui lui manquait? Personne ne le savait vraiment, sauf lui. Les fêtes déchaînées, l'alcool à en vomir dans ses intestins. Il avait besoin de se sentir vivant. Tout simplement. Il commença à fausser des cartes d'identités pour rentrer dans les bars, buvait à s'en rendre malade, puis rentrait chez lui pour tout laisser sortir avant d'y retourner. Encore et encore. Et plus les jours passèrent, plus la dose augmentait. Un jour, il rencontra cette jeune fille. Son âge, environ. Elle était magnifique, et Devon l'avait déjà remarqué auparavant dans les couloirs. Il n'y avait vraiment fait attention, à son visage, à son sourire -oh, ce sourire si merveilleux, si éblouissant de bonheur, si simple- une fille simple, qui ne demandait pas grand chose sauf d'être aimée, sûrement. Ils parlèrent, un heure, deux heures, trois heures jusqu'à la fermeture du bar. Le cadet n'était pas grand parleur, mais avec Evelyn, c'était bien différent. Il lui sourit, ils s'échangèrent les numéros, puis ils partirent chacun de leurs côtés, rayonnant chacun de bonheur. Il se sentait plus que vivant. C'est comme si il avait atteins le Nirvana, et c'était un sentiment magnifique.

Les jours passèrent, les rencontres se multiplièrent, et on devine tous très bien la suite. Cette suite si fatidique et désastreuse à la fois. Ils décidèrent de sauter une étape, de coucher ensemble. Mauvaise idée. Très. Mauvaise. Idée. Car elle tomba enceinte par la suite et c'est là que Devon savait qu'il venait de faire la chose la plus idiote de sa vie. Il n'arrêta pas les études pour autant, voulant absolument avoir son diplôme pour aller travailler dans la police municipale par la suite. Même si de l'intérieur il était horrifié par cet ...événement, il continuait de sourire à Evelyn, se contentant de la couvrir de mensonges duveteux. Tout va bien se passer. Je suis là. Je ne vais jamais te quitter. Toi et moi, c'est pour la vie. Mais depuis ce jour où il a su qu'elle attendait son enfant, qu'ils allaient fonder une 'famille' ensemble, Devon c'était déjà fait une idée claire de ce qu'il allait faire. C'était peut-être le mauvais choix à prendre, mais il préférait se montrer égoïste que vivre malheureux. Il resta jusqu'à la fin, jusqu'au jour fatidique. Il ne voudra jamais le voir. Cet enfant le dégoûte. Le fait d'y penser lui donnait envie de vomir. Il n'était qu'une erreur, quelque chose qui n'aurait jamais du exister, et à cause de lui, son amour pour Evelyn s'était éteins. Complètement. Le soir où elle perdit ses eaux fut le soir où Devon quitta son domicile pour prendre l'avion et retourner chez lui. Il allait finir ses études là-bas, et comme ça, personne viendra le déranger, non? C'est tellement plus facile comme ça. Alors il prit l'avion, il arriva chez ses parents, qui vivaient seuls désormais vu que tout le monde avait quitté la maison familiale. Pour avoir des familles. Alors que lui, il avait fait un pas en arrière. Mais il était certains que c'était le bon choix à prendre. On lui demanda pourquoi il avait quitté cet université qu'il vénérait presque il y a quelques mois, il haussait les épaules tout en murmurant 'je ne sais pas', aussi muet qu'une carpe, désormais. Pour dire des mensonges, il est bon, Devon. Oh qu'il est bon. Trop bon.