Promenade Fantomatique

Le froid. J'aime bien l'hiver, quand il neige, comme aujourd'hui d'ailleurs. Enfaîte, j'adore l'hiver. C'est beau à voir, ce paysage sans couleur, blanc, seulement blanc. Je me baisse, et prend une poignée de neige. Je la sert fermement dans ma main et regarde l'eau sortir doucement de celle-ci. Elle fond, la neige. Je me lève et regarde ma tenue un peu légère pour un temps si glacial. Un veston noir munit de quatre bouton doré et un peu "rouillé", une chemisette blanche à manche bouffantes et courtes, un ruban rouge accroché dans le col de ma chemisette, une petite jupe plissée bleu marine et enfin de simples ballerines noir* ainsi que des chausettes montantes noir, m'arrivant à peu près aux genoux. Ma tenue ressemble vraiment très fortement à un uniforme d'école, mais je l'aime bien. Le vent soulève doucement quelques mèches de mes cheveux, je suis seule. Seule dans cette énorme forêt. Plutôt sinistre pour une forêt. Je m'arrête un instant pour regarder l'envol d'un corbeau très imposant. Le décor est idéal pour dessiner... Un bruit, puis des bruits de pas résonnent maintenant dans les bois. Je me demande bien qui se promène ici. D'un pas léger, je m'approche de l'endroit d'où provient les bruits et me cache derrière un tronc d'arbre. Je guette discrètement l'arrivé de quelqu'un mais rien. Je ferme alors les paupières et me concentre. Quand je les ouvrent, je me retrouve nez à nez avec une vieille dame à la peau fantomatique, presque transparente. Elle n'a pas les pieds sur terre, enfaîte, elle n'a tout bonnement pas de pieds. Elle flotte. Un esprit. Je la dévisage pendant un long moment, sans un mot. Ses cheveux sont longs mais complètement emmelés, sa robe pourpre est aussi froissée qu'un chiffon à poussière et la moitié de son visage est couvert de suie. Je soulève mon cache-oeil pour l'observer avec mes deux yeux. Elle semble... Effrayée et perdue. Je replace mon cache-oeil et fixe encore la vieille femme. Celle-ci finit par me demander d'une voix chevrotante :

- Excusez-moi jeune fille... Où suis-je ? Pourquoi.. enfin.. Je ne comprend pas, j'étais dans la voiture de mon fils et...

Je l'a coupe et lui dit calmement, sans aucune note de compassion ou de pitié dans ma voix [ Normal, Mei ne sait pas ce que c'est... ]:

- Vous êtes morte, je pose ma main froide sur son épaule, dans un accident de voiture. Vous ne devriez plus être ici.

La dame semble maintenant... Boulversée, enfin je crois. Elle se tait et finit par me dire, plusieurs larmes roulant sur ses joues pâles :

- Je suis au Paradis ?  Êtes-vous un ange ? me demande-t-elle en désignant mes ailes. Je.. Peut-être que vous avez raison.. Je n'ai plus ma place dans le monde des... Le monde des vivant. Peut-être que je serais finalement mieux ici, j'ai peut-être de la chance de pouvoir être là... En plus, je vais sûrement retrouver mon mari, je ne serais pas seule...

Le Paradis ? Un ange ? C'est loin de la réalité. Le Paradis n'existe pas. Je ne suis pas un ange, ni un démon, juste une simple vampyr, une mutation génétique, une erreur de la vie. J'ai toujours raison... Je lui dit tout aussi calmement que la première fois, presque froidement [ Mei est assez effrayante et mystérieuse à cause de sa voix.. ] :

- La mort n'est pas une chance. C'est sombre, noir aussi loin que vous pouvez le voir, et vous êtes seule.

La grand-mère se tait de nouveau et baisse la tête. Puis son image se brouille, jusqu'à disparaître complètement. Me revoilà seule, dans cette immense forêt. Je grimpe dans un arbre et m'assoie sur une branche, poussant la neige avant de m'asseoir. Je sors mon carnet de dessin, un crayon à papier et commence à réaliser quelques croquis du corbeau de tout à l'heure. Un nouveau bruit de pas retentit dans le calme suréaliste de la forêt. Encore un esprit ? Je ne prend pas la peine de relever la tête et je continue, sans un mot, le visage masquant tout sentiments, à faire mes croquis...

Fiche (c) Espe