Lorsque tu sais que quelque chose t'appartiens, on finit toujours par s'en défaire. Pourquoi? Parce qu'il n'y a plus de défis, on voudrait bien dire le contraire, certes. C'est pareil pour les personnes. Une fois que tu sais que cette personne t'aime, que tu sais que ça risque d'être stable, tu perds ton intérêt pour cette personne. Parce que ce qui est banal est ennuyant, et ce qui est ennuyant n'est point important.

Malgré tout, chaque chose finis par perdre sa valeur, autant émotionnellement qu'économiquement. Les paroles qui, auparavant valait de l'or, ne sont aujourd'hui que poussières oubliées dans le coin du grenier. Tout perd son importance. Les gens aussi. Alors pourquoi s'attacher aux choses qui ne durent que quelques années? Pour vouloir essayer de s'accrocher après une plante qui va finir, un jour où l'autre, par mourir? Lukias ne voit pas l'intérêt d'avoir des amis, des sentiments. Pour lui, c'est quelque chose de secondaire, qui n'est pas très important. Ce n'est que des problèmes en plus. Mais ce n'est pas pour autant qu'il a horreur de ces choses, au contraire. Il est plutôt empathique à ce sujet. Il préfère juste voir la chose d'un oeil absent.

Comment pourrais-je qualifier Lukias? Il n'y a tout simplement pas de mot pour le décrire, sauf pour énigmatique. C'est quelqu'un de discret, qui dégage une aura distante. Comme si tout lui était inutile, mais dont il ne se fout point. Il va regarder un cadavre d'un oeil désolé, sans pour autant ressentir des émotions fortes quant à la chose. La mort, pour lui, c'est quelque chose de normal. Le cercle de la vie. Si on devrait pleurer tout les morts, on ne finirait jamais. Alors il préfère se détacher du sentiment de la pitié le plus possible, car il sait très bien que sinon il lui serait impossible de faire son travail comme il faut.

Lukias est le genre de jeune homme qui se fond dans le paysage, mais qui n'est pas 'identique' pour autant. Il sait se faire invisible sans même avoir besoin d'utiliser son pouvoir, qui lui est alors presque inutile. Réservé, il reste toujours dans son coin et n'aime pas trop qu'on vienne le déranger. Il est un jeune homme très pointilleux sur les détails, on pourrait même le qualifier de perfectionniste. Il n'aime pas les imperfections, il lui est donc très difficile d'accepter la société en général car est loin d'être parfaite. Lukias va remarquer votre tâche de sang sur la manche droite de votre chemise comme il va remarquer cette goutte de sueur qui coule le long de votre coup.
Chaque détails compte plus que vous ne le croyez.
Car chaque détail peut décider de si oui où non vous êtes vivant ou mourant.

Il n'est pas difficile de deviner que Lukias est loin d'être quelqu'un qui sort de l'ordinaire s'il est capable de se fondre dans le décor. Malgré ses yeux d'un ambre impressionnant, il n'est pas plus laid qu'un autre, comme il n'est pas plus beau. La chose qu'on remarque chez Lukias -si on le remarque-, c'est son regard intense, ses yeux d'un calme presque étourdissant. Un contrôle de soit qui est extraordinaire, chose qu'il a acquit grâce à son travail. Il en a vu des trucs, Lukias, donc plus rien ne le surprend. Et puis il est un animalik, alors être surpris, c'est pas dans son dictionnaire.

Du haut de ses 23 ans, Lukias est de taille moyenne et fait dans les 1m75, environ. Il est plutôt musclé, sans pour autant avoir l'air d'un mec drogué aux stéroïdes, quoi. Il a des cheveux d'un brun foncé, qui sont assez long. Juste assez pour être capable de cacher ses oreilles de raton-laveur. Il pourrait être mannequin, Lukias. Assez maigre, regard sans-vie, lèvre en cœur. Enfin, vous voyez la tendance.

Il n'est pas rare de voir Lukias traîner seul le soir à côté de sa moto, s'allumant une clope ou deux, selon son humeur. Il ne fume pas comme un dégénéré, mais disons qu'il est quand même prisonnier de l'herbe. C'est quand même moins pire que de fumer de la marijuana où on ne sait quoi. Il sait se contrôler, c'est déjà ça.

Lukias est imposant dans sa transparence, parce qu'on sait qu'il est présent parce qu'il nous regarde mais on ne peut le voir. Il est dans votre ombre, analysant chaque geste et mouvement que vous faites. C'est ça le plus effrayant avec Lukias.
C'est un fantôme. Une bête de la nuit. Un traqueur. Un chasseur.
Et on ne peut le voir.

Sous sa forme animale, Lukias est un raton-laveur aux formes élancées et aux dents crochues. Il est plutôt grand pour son espèce, mais il est loin d'être un géant.

C'était une famille monotone, soumise, qui ne voyait que la vie en noir et blanc devant leur insouciance. Une vie parfaite mais terriblement, terriblement ennuyante. Plus de dangers, plus rien d'excitant. Même pas un petit feu de forêt. Non, une vie banale. Certains désire une vie banale, mais croyez-moi, ça en tue plus d'un, ce mode de vie. La banalité, c'est mortel. Mère journaliste, Père mécano'. Rien de bien original, le gros classique de la famille parfaite. Sauf que le petit-frère de Lukias était mort à la naissance, et que ça avait gravement choqué sa mère, qui était déjà morte depuis longtemps, mentalement.

Le père de Lukias était un être normal, qui se demandait pourquoi son fils était un animalik sans pour autant en faire tout un drame. Il restait avant tout sa seule progéniture encore en vie et c'était tout ce qui comptais. Il l'aimait, peut importe ce qu'il était. Sa mère, elle, c'était tout différent. C'est sa faute si le petit Thomas est mort, parce qu'il a empoisonné mon système reproductif, blah, blah, blah. Elle trouvait des excuses par millier pour pouvoir se donner une raison de détester ce fils horrible que Dieu lui avait donné. C'est juste des fous qui ont des animaliks, on dirait.

En même temps, quand sa mère a tenu le corps inerte dans ses bras, on savait qu'elle était perdue. Il y avait plus rien à faire, elle allait sombrer dans la folie. Mortem. Lukias ne pouvait pas lui en vouloir, parce que dans sa tête, elle était juste une vieille folle. Enfin c'est ce que son père lui disait. Un enfant se laisse facilement influencer.

Un jour tout dégénéra, la vieille picouille péta son câble et manqua de très proche de briser la nuque de son fils en lui sautant dessus avec la ferme intention de le tuer. Elle lui criait d'aller au Diable. Une fois. Deux fois. Trois fois.

Quand elle cligna des yeux, son fils n'était plus là. Disparition. Elle regarda son mari, confuse, avant de mettre son visage dans ses mains et de crier si fort que les vases éclatèrent. Le mari recula de quelques pas avant de s'enfermer dans sa chambre, sachant que sa femme pouvait faire n'importe quoi dans cet état.

Elle secouait sa tête dans tout les sens, comme si elle cherchait la chose la plus important à ses yeux. La folie enrobait son cœur, son âme. Sa respiration saccagée et ses yeux enragées lui donnait un air encore plus inhumain qu'avant. Lukias était assis dans le coin du salon, son pouvoir le rendant invisible. Il la fixait de ses grands yeux ambres. Elle posa ses yeux sur lui pendant quelques secondes avant de regarder ailleurs. Invisible, il était devenu.

Sa main tremblante cherchait quelque chose. Mais quoi? Lukias ne pouvait pas savoir, et il ne pouvait plus voir, sa vue étant brouillée à cause de ses larmes de crocodiles.

Un clic se fit entendre.
Puis un coup de feu.
Bang.

Le bruit résonna dans toute la pièce.

Lukias, ce bruit, il ne l'oublia jamais. Il se leva rapidement pour aller voir l'état de sa mère comme si sa vie en dépendait. Il s'était foutu d'elle pendant toutes ses années, et voilà que d'un coup, il change de comportement.
La chose qui le frappa le plus, c'est de voir que sa mère semblait moins folle morte que vivante.
La vie rend les gens fous, petit à petit jusqu'à ce qu'on décide de mettre fin à nos jours.

Son père vit la mort plutôt bien. En même temps, c'est le genre d'homme un peu macho qui n'aime pas pleurer devant tout le monde. Il cessait de répéter qu'elle était mieux là-haut.
Lukias se disait qu'elle était simplement mieux morte.
Mortem.