Vraiment, je voudrais que tout le monde m'adore! Enfin, j'essaye, en interchangeant ces masques qui couvre qui je suis réellement. Vous cherchez une fille fêtarde, rigolote et avec qui déconner? Je peux l'être pour toi. À la recherche d'une copine pour vous accompagner dans les boutiques, que ce soit celles débordantes de vêtements ou celles regorgeant de CDs ou même la librairie du coin? Allez, je suis partante! Vous avez besoin d'une fille pour souffler votre frustration du monde ou pour faire de l'école buissonnière? Pourquoi pas. J'endosse tout ces masques et plus encore. Changez moi d'air, de peau. Je veux être divertie au point de perdre de vue qui je suis. Au diable mes valeurs, ma conscience en rogne, je me soignerai plus tard, maudissant mes mauvais choix et mettant la faute sur ces vieilles habitudes indélébiles. Quoi, moi, me plaindre? Non, non, pas du tout, tout va bien, à merveille je t'assure. Ne t'en fais pas pour moi. Bon, et si on calait à deux une bouteille de vin? Chantons à tue tête ces vieux classiques en ouvrant les fenêtres, pour être sur d'être entendu, clamons notre frousse inexistante, notre infinité. Inventons milles et un mots qui ne veulent rien dire, et une fois assoupis, réveillez-moi de ces cauchemars qui me hantent, ceux qui me harcèlent à coup de : Ce n'est pas toi ça, que fais-tu là?


Et moi, je vous en pose de ces questions? J'ai un trou béant à combler, je le comble comme je le peux, merci.


En réalité, je suis fragile, naïve, et je voudrais tellement, tellement qu'on me sauve de moi-même... En attendant, je ris le jour et pleure la nuit. (À savoir: je suis végétarienne, mais pas une extrémiste non plus, je respecte les choix des autres. J'adore dormir et courir me fait un bien fou. Après l'euphorie d'une beuverie, la montagne russe de mes émotions chute trèèèès longtemps et ce n'est jamais drôle. Je n'aime pas m'apitoyer sur mon sort, et malgré tout ce qui m.est arrivé, je persiste à voir du bon chez les autres et les choses que je ferais pour pouvoir m'oublier m'effraie. Dernière chose : j'aimerais tellement être humaine. P.S. je ne l'avouerai jamais)

Au moins, gardons-nous de dire que je ne suis pas laide. On me trouve très jolie, stricte vérité, je le jure. Pourtant, si on pouvait changer quelques trucs, ça et là, moi je ne m'en plaindrais pas... Heureusement (ne le prenez pas mal), je n'ai pas les oreilles qu'on associe à ... ma race. Eurgh. Voilà c'est dit. Je suis une Animalik, il faut que je me fasse à l'idée, à la fin. Bref, j'ai des oreilles d'humaine, mais ça se complique lorsqu'on se met à m'examiner. Non, ce ne sont pas des tatouages bizarres sur mon dos, mais bien les taches si caractéristique des biches qui ponctuent de façon symétrique ma colonne vertébrale. Et, horreur, j'ai une queue. Petite, certes, et assez facile à dissimuler, mais une queue tout de même. Découvrir que j'étais différente a été tout un choc. Mes parents et mon frère sont humains, alors pourquoi moi? Je n'ai rien demandé...


Autrement, je suis assez petite, de tous les côtés. C'est à dire mince, petit minois, petits membres. J'ai l'air un peu fragile, mais j'en gagne en agilité et rapidité. Oh et combien j'adore courir, j'vous l'ai dis ça?


Ce que j'aime le plus chez moi est ma lourde tignasse brune. Peu importe ce que j'en fais, elle me parait toujours bien, bouclée ou non. À part ça, j'ai de grands yeux noisettes, j'ai un rire singulier, je tire une multitude de tête (si si, je suis un grimoire à smileys ambulants) et je dois avouer que j'aime m'habiller selon mon avis du jour, passant au grunge à hyppie à chic décontracté en l'espace de trois, parfois deux jours. Pour ce qui est de mon corps, ma petite poitrine rentre parfaitement dans la coupe de ma main et on m'a dit avoir "un joli p'tit cul". C'tait un connard.

Pepper. Oui, parce que son premier prénom, Rose, elle en allergique. Pepper, donc, cette bichette est née à New York dans une famille aisée et autrefois heureuse. Sa mère, Jacklyne, Jackie, un peu hyppie, était une artiste multidisciplinaire : s’adonnant aussi bien a la peinture qu’a la sculpture, elle se voit souvent inviter à des soirées à travers la métropole. Paul, le père détenteur d’un PHD en psychologie sociale, fait activement de la recherche, et jusqu’à l’âge de 10 ans, Pepper ignorait à propos de quoi. Elle avait également un grand frère, Nathan, de 3 ans son aîné. Elle avait une grande complicité avec son grand frère et sa mère était très protectrice de sa fille. Placée dans une école privée, elle avait porté des uniformes toute son enfance (on lui avait très tôt fortement recommandé le silence et le secret absolu à propos de sa petite queue de biche naissante et les taches blanches sur son dos) et sa personnalité facilement ajustable avait plu à plusieurs. Elle gagna les autres avec son humour loufoque et son joli visage, sans qu’elle y fasse vraiment attention. Pepper était plutôt douée en cours. Malheureusement, elle n’avait pas hérité du don de sa mère et ramait plus que d’habitude en art, mais autrement, elle était dans la haute moyenne. Pepper excellait particulièrement en sport, comme son frère avant elle. Son père était un type mystérieux, qu’elle voyait rarement, et si elle le voyait, gardait une certaine distance, une certaine froideur. Calculateur, il restait bien haut perché derrière ses lunettes en demies-lune, alors que la mère de la famille était son parfait opposé. Qui aurait pu prédire un pareil couple…


La brunette avait alors 10 ans, et rentrant plus tôt de l’école puisque le dernier cours lui était exempté, elle était allée trouver sa mère au-devant du portail de son école. Ne la trouvant nulle part, et ayant la dalle, Pepper c’était dit qu’elle pouvait très bien rentrer seule, qu’elle connaissait le chemin. Comme de fait, elle rentra chez elle comme une grande, et se dirigea aussitôt vers la chambre de sa mère, curieuse de savoir ce qu’elle faisait. En entrant dans la pièce, elle la découvrit endormi profondément. La petite s’approcha du lit pour réveiller sa maman, quand quelque chose dans la table de chevet attira son attention. Elle ouvrit plus grand le tiroir entre-ouvert pour assouvir sa grande curiosité. Mais ce qu’elle y trouva n’avait rien à voir avec son but initial. Elle sorti un lourd carnet, qui portait comme titre son nom : Rose P. Hathaway. #0072


Mais la jeune fille, ne désirant pas se faire prendre la main dans le sac pas sa mère qui semblait s’éveiller, décida de le ramener dans sa chambre et de le lire plus tard avec son grand frère, qui serait bientôt de retour de sa partie de foot. Elle s’empara du carnet et alla le placer sous son oreiller.
Plus tard, elle confia son secret à son frangin, qui accepta avec une certaine crainte le lire par-dessus son épaule. « Ce carnet appartient à père… » avançait-il, hésitant. Mais comme toujours, elle réussi à le convaincre et ils se mirent à la tâche. Ce qu’ils y découvrirent l’horrifia. D’abord, elle apprit qu’elle n’était pas comme les autres. Qu’elle était en partie animal. Que les gens de son espèce s’appelait « Animalik ». Que tous ses moindres faits et gestes y étaient notés, ses notes d’école comme son alimentation. Ses heures de sommeil, ses réactions aux diverses maladies qui ponctuent la vie d’un enfant de 10 ans. Les taches sur son dos, sa queue, tout y était. Ses mensurations, de nombreuses photos et graphiques. Elle était l’objet d’une recherche. Celle de son père. Bouleversée, elle ne se rendit même pas compte que son frère (était-ce réellement son frère? Après tout, il était humain lui.) avait parlé. Elle le vit sortir de la chambre… Elle était comme dans un rêve. Ça tournait autour d’elle. Elle avait chaud, soudainement. C’était quoi cette histoire de pouvoir? Elle regarda ses mains pendant un long moment, jusqu’à ce que des mains se posent sur ses épaules en la secouant fermement.

-          Rose! Rose!


Sa mère. Elle était paniquée. Connaissait-elle l’existance de ce carnet? Faisait-elle partie du complot? Sa mère l’arracha au sol et lui ordonna (sa mère n’ordonnait jamais rien, ce qui avait secoué la jeune fille) de faire ses bagages. Qu’ils partaient. Tout de suite. Après coup, sa mère lui dit qu’elle n’avait jamais rien su du carnet. Qu’elle ne pouvait vivre avec un homme qui considérait sa propre fille comme un objet d’étude. Qu’elle ferait tout ce qu’elle pourrait pour faire en sorte que Pepper et Nathan ne voient plus leur père.
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Oui. Je me souviens d’une enfance heureuse. Une enfance bercée mensonge et d’illusion, mais heureuse quand même. Il y avait plusieurs interdiction autour de moi : non, tu ne peux pas aller au party pyjama d’une telle; non, il est bien trop risqué pour toi de faire des cours de natation, mais tu peux faire de la course, ma jolie; Jamais de camisole et fais bien attention à ce que ta queue soit bien camouflée; S’il te plait ma chérie, ne pose pas trop de questions…

Vu comme ça, ma mère n’a pas l’air très sympa, mais elle n’avait pas vraiment le choix à l’époque. Mais je vous assure, c’est la meilleure mère du monde.

Ce que je me souviens particulièrement, c’est Ian. Oui, il m’est arrivé de tomber amoureuse. C’était stupide, totalement stupide, mais voilà. Il était hilarant, mignon et charmant et, miracle, il me trouvait plutôt comique dans mon genre aussi. Il était dans l’équipe de foot de mon frère, mais il n’avait que 2 ans de plus que moi. Étrangement, il me captivait. Il se mouvait avec tant d’aisance sur le terrain, j’en avais presque envie, moi qui excelle à la course. Je serais bien allé lui dire à quel point il avait été génial, mais il partait aussitôt le match terminé. Puis, je l’avais revu, un matin, durant mon jogging journalier. Lui aussi, il courrait. Et on avait failli entrer en collision. Ça l’aurait été bête. Que dis-je, j’en ai encore le fou rire. Bref, avant qu’il ne prenne les jambes à son cou, je lui ai quasiment crié après (quoi, j’avais des écouteurs dans les oreilles…) comme quoi il était un super joueur de foot. Surpris, il s’était arrêté. Assez longtemps pour avoir une conversation. Puis, à chaque match, comme j’allais voir joué mon frangin, il venait me parler à la demie, puis m’envoyait la main à la fin, partant seul, de son côté. C’était un mec vraiment bizarre. Mais ô combien craquant. Ma mère n’aimait pas ça du tout, malgré son côté hyppie love flower power et tout ça.  Elle disait que ça compliquerait tout. Comme si ça ne l’était pas déjà.

Du coup, j’ai convaincu Ian de courir avec moi le matin. Ce n’était pas comme une date, mais ça me permettait de le voir plus souvent. Je ne bernais personne avec cette histoire, sauf peut-être lui, qui semblait aveugle à la tempête qui me malmenait tous les jours et me ramenait toujours à lui. Ce qui mit frein à notre relation, ce sont ces types louches qui se sont mis à rôder dans le quartier. Ma mère, devenu légèrement parano depuis notre fuite, préférait ne pas prendre de chance, décida de notre départ imminent. Je dû cesser ma routine matinale et mon frère le foot, du coup, je ne pouvais plus voir Ian. Le soir du départ, je pris mon courage à deux mains et filai en douce de la maison. Je savais à peu près ou il restait. Je le trouvai facilement, assis devant sa maison, les yeux dans le vague. Sentant mon cœur battre à vive allure, je failli rebrousser chemin. Après tout, il ne m’avait pas encore vu. Mais l’urgence de la situation me força à continuer à marcher dans sa direction. Le reste se passa à peu près ainsi :

-          Je m’en vais.

-          Quoi? Pepper?

Ah. Oui. C’était brute un peu comme salutation. J’avais perdu mes bonnes manières.

-          Ian. Je pars. On part. On quitte la ville.

Il me regardait de ses beaux yeux bruns. Comme il ne disait rien, moi je perdis patience, nerveuse comme j’étais.

-        Je suis venue te dire au revoir. Je suis bête. Salut.


Et voilà. J’ai tourné les talons, et suis repartie, raide comme une planche, le regard fixé devant moi comme un robot. On me retint par le poignet et me retourna sur place. Je fus jeté contre un torse chaud et dur et estomaquée, je ne plus faire qu’une chose : inspirer grandement et garder en mémoire son odeur. Je sentais son cœur battre et à ce moment, j’aurais bien aimé mourir. Ma vie n’avait rien d’autre à m’offrir. Puis, je révisai ma réflexion lorsqu’il me releva le menton pour me regarder. Il faisait sombre, mais je connaissais son visage par cœur. Sa main vint repousser des mèches sur mon front.

-          C’est un adieu?, demanda-t-il doucement.

-        Oui, soufflai-je, vraisemblablement à court de souffle.

-          Prend soin de toi alors, Pepper.



Et il m’embrassa. Ok, je pouvais mourir maintenant. Lorsque finalement, je le quittai pour rentrer, je failli lui dire. Mon grand secret. Mais je gardai mes lèvres étroitement serrées, de peur que si je les ouvre, bien plus que des mots ne s’échappent. Je pris la fuite. Le lendemain matin, j’étais dans un train, en direction d’une académie pour mon « espèce ». Allez, ne me regarder pas comme ça, autant en rire. Au moins, m’avait dit ma mère, j’allais être en sécurité. Enfin, c’était en théorie…