Un rapide coup d’œil à ma montre me permit de prendre connaissance de l’heure qu’il était : presque midi. J’agitais mes oreilles de plaisir. Mon ventre allait enfin pouvoir être rassasié ! Mon pauvre estomac me torturait depuis une bonne heure à présent. J’attrapais mon sac à main et me dirigeais d’un pas tranquille vers la cantine, accompagnée d’une amie de classe.

J’avais faim, et les fumets venant des cuisines me mettaient l’eau à la bouche, même si, comme d’habitude, il n’y aurait pas grand-chose à manger. Mon ventre devenait tellement grognon, que je pourrais avaler tout ce qui me passerait dans l’assiette. Nous étions alors dans la file et arrivions au niveau des personnes nous servant de manière si peu raffinée notre repas... Il y avait des petits poids et de la purée. Hum… !! Dégueulasse ! Sans perdre plus de temps, je saisissais mon plateau et m’asseyais à l’une des rares tables libres. Ma chaise de fortune grinça lorsque je la tirai afin de m’asseoir dessus, ce qui eut le don de m’extirper un soupir. Mon amie rigola avant d’avoir, elle aussi, une chaise orchestre ! Nous pouffâmes de rire ensemble.
 
Nous mangions lentement, prenant notre temps. C’était fou toutes les choses que l’on pouvait se dire en seulement une petite heure de notre temps. Tous les potins inconnus et les rumeurs infondées sur telle ou telle personne. On partait dans des débats tout aussi divers que variés, nous lançant même des fois dans des sujets plus ridicules que l’on aurait pu l’imaginer ! En grand débat sur un de ces fameux sujets débiles : le beau temps, je reçus un projectile venant de derrière moi. Un coup d’œil à mon amie me permit de savoir que cela venait de la table des deux garçons et qu’en effet, nous n’avions même pas remarqué qu’une collection de petits pois faisait son apparition dans cette partie de la cantine ! Je me levais alors, seulement en me retournant, restant ainsi à ma place. Du regard, j’interrogeais les deux grands gamins qui jouaient avec de la nourriture, certes infecte, mais de la nourriture tout de même, pour savoir qui des deux été l’auteur du délit. J’en fus bien vite informé. Il s’agissait de celui face à mon dos lorsque j’étais assise, logique quoi ! Il était vachement canon ce crétin tout de même !
 
▬ Ça va ? Je te dérange pas j’espère ? Tu veux peut-être que je t’aide ?!
 
Un sourire malin s’afficha sur mon visage lorsqu’une idée germa dans mon esprit espiègle. Il fallait que je lui rende la pareille ! Pivotant sur moi-même, je saisissais ma petite cuillère que je plongeais généreusement dans la purée intacte de mon assiette, et me préparais à lui envoyais à la figure. D’un petit mouvement habile, mon projectile était lancé ! Et il atterrit en plein dans le mille : en plein milieu de sa tronche !
 
▬ Alors ? On fait moins le malin, hein !?
 
J’arborais un large sourire, fière de ma bêtise ! Je savais pertinemment que j’avais signé mon arrêt de mort. J’allais être de corvée de nettoyage du self. Autant en profiter un max, non ? Mon amie s’éclipsa pour ne pas s’attirer de problème, ce que je ne pouvais guère lui reprocher après tout. Quant à moi, j’étais déjà dans la merde jusqu’à cou, alors pourquoi s’arrêter maintenant ?