Assis sur mon lit, la main tenant mon menton, je regardais par la fenêtre de ma chambre. Je m'ennuyais profondément. Pendant ce temps, la neige continuait de tomber et je fixais les flocons s'écraser, un à un, sur le tapis blanc. C'est joli, quand même, la neige. Blanc, pur, innocent... Tout ce que je ne suis pas. Et pourtant, en me concentrant, je la maîtrise un peu. Moins que la Glace, c'est sûr, un peu tout de même. Je soupirais, croisais les mains derrière la tête et m'adossais au mur, dos à la fenêtre. J'étais là à m'ennuyer alors que je devrais m'entraîner pour un jour vaincre mon père. D'ailleurs, pourquoi est-ce-que je ne vais pas m'entraîner ? Avec mon pouvoir, s'entend. C'est le seul réel avantage que je peux avoir contre lui étant donné qu'il est plus âgé que moi. Bon, ok, il est alcoolo, m'enfin. Et puis, si moi j'ai un don, peut-être que lui aussi ? Je m'assis en tailleur et secouais la tête comme pour chasser de mon esprits les pensées sinistres qui m'envahissaient chaque fois que je pensais à lui. Un jour je le tuerais, point. Je me levais et enfilais des baskets. En attendant, il faut que je m'occupe. Je ne prenais pas la peine d’attraper une veste. A quoi bon ? Je me soucie ni du froid ni de la chaleur. Je peux arrêter de ressentir ça quand je le veux. J'ouvris la porte à la volée et sortit dans le couloir en marchant tranquillement. Je regardais droit devant moi histoire d ne pas être ralentit par un quelconque individu. Mais je ne courais pas non plus, j'suis pas si pressé que ça. La prochaine fois je passerais par la fenêtre au lieu de faire le tour, pensais-je. Je sortis de l'Internat. Seuls mes pas prouvaient mon passage. Je marchais toujours tout droit, sans m'arrêter. Puis, j’aperçus un petit canal qui s'grandissait au loin. Je décidais de le suivre.

Et c'est comme ça que le canal devint rivière et que je me retrouvais nez à nez avec un inconnu. Ce qui est exactement ce que j'aurais voulu éviter dès le début. Et merde, pensais-je. Je gardais les mains dans les poches me contentant de fixer le gars assit dans la neige devant moi. Pas besoin d'ouvrir la bouche, je parie qu'il va le faire avant moi.

Il retomba dans la neige, étonné. Quoi, c'est ma face qui te plait pas ? Bah désolé mais j'suis né comme ça donc si t'es pas content bah... Casse-toi. Ah nan, merde, j'suis con, ça doit être parce que j'ai pas de manteau alors qu'il neige. Ouais, mais lui non plus il en porte pas. Rooh, pis je vais pas chercher à savoir ce qu'il y a dans la tête de tout les gens que je croise parce que sinon j'ai pas finis. Bref.



Qui... Qui es-tu ?



Je pensais : " Je suis moi et toi tais-toi ". Mais bon, de un, ça fait un peu gamin et de deux, c'est pas super sympa, quoi. Soudain, la brise se fit plus froide. Ok, alors là, je jure que j'y suis pour rien.



- Euh... Ben, moi c'est Grey.



Je lui tendis la main pour se relever parce qu'autant moi je crains pas le froid, autant lui il doit se les peler, le cul dans la neige. Je soupirais. Et voilà, à chaque fois que je veux éviter un truc, il se passe le contraire. Décidemment Dieu, tu ne m'aide pas des masses, là. Je le détaillais rapidemment et soupirais de nouveau. Un petit blondinet aux yeux émeraudes. Plus petit que moi. Et re-merde.



- Et toi ?

Moi c'est Maxime, Maxime Von Michaelis.

Ah, lui il m'a dit son nom. Vous croyez qu'il a remarquer que je ne lui avais pas donner le mien ? Je n'aime pas trop le donner car ça me rappelle d'où je viens donc, lui. Je secouais la tête pour chasser mes mauvaises pensées. Mon regard s'arrêta sur le blondinet en face de moi. Il tremblait. Soudain, des oiseaux s'envolèrent à l'unisson. Il faisait de plus en plus froid. Et voilà, ça va encore être de ma faute. Je soupirais et pensais à l'expression " VDM ". Les trois lettres qui illustrent ma vie. Mais quand je l'aurais tué, je serais enfin libre. Bon, si c'est pour rester là à se faire chier à rien faire, autant engager la conversation.

Ok.

Je laissai passer quelques secondes.

Et sinon, qu'est-ce-que tu fous là, Maxime ?

Suuper, formulé comme ça, ça fait très con. OSEF, il n'aura qu'à faire avec, j'suis pas là dans l'unique but de tailler une bavette avec tout les crétins que je croise dans la rue... Et voilà, c'est toutes ces années d'isolement qui reprennent le dessus. Grey, socialise-toi un peu, bon sang !

A sa tête, je compris que j'avais dis un truc qui fallait pas. Mais comme je voyais pas quoi, je n'y fis pas attention.

J'étais venu pour m’entraîner, mais comme la rivière est gelée, ça va être beaucoup plus difficile.

La rivière est gelée donc je peux pas m'entraîner ? WTF ? Il veut nager à contre-courant dedans ? Je jetais un rapide coup d'oeil à la-dite rivière. Pff, doit pas y'avoir beaucoup de courant là-dedans. Puis, je remarquais qu'il cherchait quelque chose. Il ramassa finalement un caillou et le balança contre la glace qui se brisa un peu. Il tendit les mains et un filet d'eau s'en échappa. Là, je compris. En fait, c'est moi qui doit être con. Ce mec est juste aquakinésiste et il veut entraîner son pouvoir, pas lui. Je pourrais lui dégelé la rivière. Ouais, aller, on a dit que j'étais gentil.

Tu veux que j't'aide ?

De quelle façon comptes tu m'aider ?

Je soupirais. Les jeunes de nos jours, tout dans les muscles, rien dans la cervelle. Quoique, lui il n'a pas de muscles non plus. Bref. Va falloir que j'lui montre. Une bourrasque de vent frais vint nous étreindre, gelant tout sur son passage. Je vis l'eau de Maxime se solidifier et s'écraser. Un des effets de mon pouvoir. Je n'avais pas froid mais lui, il tremblait comme une feuille morte. J'esquissais un petit sourire quand il tomba, un genou à terre et me tourna vers la rivière.

Regarde et apprends.

Je fixais l'eau de la rivière et serrait mon poing et mettait à plat mon autre main avant d’abattre mon poing sur ma paume en direction du lac. La glace se mit à fondre et redevint de l'eau. Je fis le geste inverse, posant ma paume sur mon poing et l'eau redevint glace. Je me tournais vers Maxime et levai les mains. La neige s'arrêta et la bourrasque aussi. C'est dommage, j'aimais bien ce petit vent frais. Mais lui n'aimait pas trop alors bon. Puis c'est pas tout mais j'ai pas envie de me retrouver avec un cadavre sur les bras.

Mon rayon, c'est la glace.