- M

ais sérieux Lucius, t'es vraiment un gros boulet !
Encore une fois, Lucius Turner venait de laisser tomber le ballon qu'on lui lançait. S'il avait pu, il aurait explosé la tête de ses coéquipiers. S'il avait pu, il se serait barré de ce fichu gymnase qui lui rappelait de mauvais "souvenirs". En fait, s'il avait pu, il ne serait pas venu jouer au basket, en fait.
À la fin de l'entraînement, tous ses partenaires retournèrent dans les vestiaires, mais Lucius préférait rester ici. Faire un p'tit pèlerinage de miroir, quoi. Il avait envie de voir quelqu'un qu'il appréciait. Un seul nom lui venait en tête.
"Caroline."
Owhi, cette fille elle est trop cool avec lui. En plus elle adore Nydissa - c'est réciproque.
Lucius attrapa le ballon qui roulait innocemment sur le sol, et se mit à faire quelques dribbles. En mode "j'suis trop Michael Jordan", il tenta de marquer des paniers. La balle pouvait passer à côté, s'écraser contre le mur, frôler le panier, ou même revenir droit sur la tête de Lucius, elle ne franchit pas l'anneau une seule fois.
"Laisse tomber Luluc', t'es plus fort en littérature."
Lucuis abandonna et jeta rageusement le ballon à l'autre bout du gymnase. Puis il se pris les deux cornes et commença à les tirer, comme toujours lorsqu'il était en colère. Puis il gratta ses écailles et se laissa tomber sur les fesses. Il était gagné par un accès de mauvaise humeur.

Crédit: Cali' in Epicode

B

AM ! BAM BAM !
Lucius se tourna, plus irrité que jamais. Mais qui essayait donc de violer fracasser la porte du gymnase ?
Des cheveux longs, noirs, une main pâle posée sur sa tête, le pied en avant, héhé, c'était bien Tsume Aerin qui s'était retrouvée coincée dans le gymnase.
Dès que les mots "Tsume Aerin" se furent formés dans l'esprit de Lucius, il entendit un petit rugissement lointain et quelques secondes plus tard, Nydissa s'était blottie contre la fenêtre du gymnase, attendant le moment où elle devrait bondir à sur le terrain de basket pour empêcher Tsume de fracasser Lucius.
"Tu lui a envoyé la balle dans la tête, enfin, Lucius ! Il fallait l'envoyer dans le nez ! N'as-tu donc rien appris de moi ?"
"Oh, tais-toi donc, Nyd, je ne l'ai pas fait exprès. Je l'avais pas vu, okay ?"
"Hum, bien sûr."
Lucius se releva, en hésitant à parler à Tsume. Il n'y avait pas de miroirs autour du Dragoon - mais des paniers de basket qui seraient sûrement ravis d'accueillir son petit popotin.
"Enfin, tu n'as pas peur d'elle, quand-même ? dit Nydissa d'un ton plus raisonné, elle ne va pas te manger. Et tu sais que je suis là. Si il faut, je lui cramerai les fesses, d'accord ?"
Lucius fut ravi de ce soutient. Il se racla plus que bruyamment la gorge puis lança d'un ton glacé :
- Serait-on coincée ? Mais casse donc la porte, tu as l'habitude de péter le matos de l'internat, n'est-ce pas ?
Sa voix aurait dû être plus amusée, plus détendue... oui, elle aurait dû. Mais elle ne l'était pas. Jamais Lucius n'avait parlé d'un ton pareil, sauf à son père. Mais Tsume n'envisageait pas de l'obliger à le lancer dans une carrière de terroriste, non.
"Je ne devrais pas être si froid, ce n'est pas moi, ça..."
Pou pou pidou, une, deux, trois, quatre, maintenant Lucius lançait une petite vision à la chère Tsumi... un paysage vertigineux, une falaise très élevée, un bord qui menaçait de céder, et Tsume qui s'en approchait dangereusement. Oh, allez, Lucius, fait pas ton salaud. Lucius retira la vision de l'esprit de Tsume et se mit à marcher légèrement dans sa direction. Il jeta un regard sur le loup, puis sur Nydissa, qui fit immédiatement le lien. Elle lui lança un regard du genre : "si tu pose une seule griffe sur lui, tu vas te transformer en capuche..." Lucius sourit, puis enjoignit à sa dragonne d'entrer dans le gymnase, ce qu'elle fit d'une façon théâtrale. Puis elle se posa sur l'épaule de Lucius, qui sentit un lourd poids peser sur lui. Cependant, il ne cilla pas et, pour paraître plus détendu, caressa tendrement les ailes à moitié déployées de Nydissa et esquissa un sourire.

Crédit: Cali' in Epicode

L

ucius fit la grimace lorsque Tsume évoqua sa "sale gueule", mais Nydissa rugit véritablement au moment de la "chose". Elle cracha un jet de flammes qui "s'évaporèrent" à mi-chemin - elle n'avait pas soufflé très fort.
- Ma sale gueule - comme tu dis -, t'emmerde, espèce de petite... dévergondée.
Lucius ricana en s'entendant lui-même prononcer ces paroles.
- Dis donc, au cas où tu n'aurais pas remarqué... tout le temps que tu passes à te créer une petite réputation, tu le perds à prouver à ton Roméo que tu l'aimes. C'est triste, non ? Parce que franchement, c'est un chic type. Je l'ai vu dans les couloirs... mais franchement, il ne te mérite pas. Il vaut mieux que toi. En attendant, c'est bien beau d'embrasser les mecs pour un rien, mais à quoi ça rime, hein, Tsume ? As-tu réellement une raison de faire ça ?
Lucius se sentait plus que soulager de pouvoir enfin dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Il pouvait enfin vider son sac, et pas dans le dos de Tsume, mais en plein sur sa petite tête de diva contrariée.
- Tu sais, poursuivit-il, moi je n'avais rien contre toi... mais c'est toi, avec tes airs de psychopathe et et de reine du monde qui a commencé à me prendre de haut. Ah oui...
Il lança un regard plus que tendre à Nydissa.
- J'ai trouvé ma moitié dans cette dragonne. Elle est avec moi pour les bons et les mauvais moments. Elle fait partie de mes points forts et de mes points faibles (à ces mots, les griffes de Nydissa se resserrèrent autour de l'épaule de son humain) et je n'ai donc aucune intention de la laisser partir. Je suis pas venu ici pour me battre non plus, hein.
Et c'était vrai : Lucius n'avait aucunement l'intention de se battre. Il se laissa paisiblement retomber au sol mais Nydissa se mit à voleter sur place, en poussant des rugissements hystériques.
- Mais si tu veux partir, transforme-toi et saute par la fenêtre, fit Lucius d'un ton dégagé, en désignant la fenêtre par laquelle était sorti le loup à l'instant, moi je m'en fiche, je continuerai à lancer mes balles sur la tête de tous les "copains".

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ucius tenta à grand-peine de ne pas éclater de rire. Non, ça aurait vraiment été trop méchant, trop moqueur, même si l'intention n'était pas là - absolument pas. Nydissa émit un petit grondement furieux. Lucius ravala toutes ses répliques, et Dieu sait qu'il en avait, cette fois-ci. "En attendant, mon compagnon à moi n'est pas un vulgaire chiot castré qui court partout comme un trisomique", "Bon, tu veux que je t'apporte un miroir ?", ou "Tu veux que je te fasse un steak tartare, avec ça ? Bon, balance la viande". Il déglutit, comme pour avaler toutes ces phrases. Puis, en quête d'une phrase sensée, d'une réplique rassurante, ou sécurisante (plus pour lui que pour Tsume, en fait), il se mit à regarder un peu partout autour de lui.
Puis, soupirant, il jeta le couteau dont la pointe se planta d'un petit centimètre dans le sol, avec un bruit affreux.
La gorge sèche (jamais une fille ne s'était approchée de lui de cette façon), il s'écarta légèrement. Il n'avait pas vraiment peur ; il était surtout anxieux de savoir ce que Tsume allait faire, à présent.
Il fronça les sourcils, les souleva, les fronça, et les souleva encore. Finalement, il ouvrit la bouche et dit :
- Heu, Tsume... tu, heu... tu veux pas me dire ce que tu as en vrai contre moi ?

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ucius eut une grimace et jeta un regard à Nydissa du genre : "je fais quoiiii ?"
Il n'avait pas vraiment envie que Tsume parte. Il ressentait un étrange désir de la voir rester. Que ce soit pour se charcuter la tronche ou pour discuter calmement. Finalement, il était plutôt masochiste.
- On dirait pas, dit-il d'un ton mal assuré, alors soit tu es vraiment en pétard contre moi, soit tu es comme ça avec tout le monde... 'fin... j'aimerais bien devenir ton pote, mais je sens qu'il y a un truc qui coince- Pas chez toi, hein ! Je veux dire, des deux côtés.
Lucius se sentait vraiment mal à l'aise.
"Arrête de remuer le couteau dans la plaie, Lucius. Laisse-la partir, elle est pas sympa avec toi, et elle est plus ou moins dangereuse" dit Nydissa.
"Tais-toi un peu, je sais ce que je fais, Nyd."
Lucius, d'un pas qu'il voulait naturel mais qui se révéla maladroit - comme toujours -, s'avança vers la porte et la referma, un petit sourire aux lèvres. À présent, il arborait l'expression "haha, c'est pas terminé".

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ucius hésita un instant, puis posa la main sur l'épaule de Tsume. Gentiment, il lui lança :

- Tu sais, Tsume, si tu as un copain, c'est que tu es quelqu'un de bien. Okay ? Alors garde cette idée en tête. Et puis si tu étais vraiment un monstre, t'aurais pas hésité à me tuer, là, tout de suite.

Lucius hésita à retirer sa main, mais au contraire, il secoua gentiment l'épaule de Tsume d'un air encourageant. Nydissa avait à présent une étrange expression. Elle semblait à la fois gênée et déçue.

"Il serait peut-être temps d'aller voir Caroline" gronda-t-elle.

Lucius fronça les sourcils et l'ignora. Il hésita à enlacer Tsume, à l'asseoir et à commencer un speech réconfortant, mais il resta planté là, comme un idiot, à contempler cette fille aux cheveux noirs.

- Tu, heu... tu as encore quelque chose à me dire ? Enfin bon... heu... sans rancune alors ?

Lucius retira précautionneusement sa main de l'épaule de Tsume, puis lui tendit l'autre, dans un geste amical. Un franc sourire s'étira sur ses lèvres.

Crédit: Cali' in Epicode