je déteste tout; Et tout le monde. Et tout ce que tout le monde aime. Je déteste vivre, et je cherche à mourir pour mourir, tout simplement; Ca paraît dingue, dit comme ça, d'ailleurs je dois l'être un peu, j'aime la vengeance. J'aime le sang, les cicatrices, les brûlures. j'aime la douleur plus que ma propre vie; Non, je sais que c'est pas compliqué. Alors j'aime la douleur plus que ta propre vie. Je sais que tu flippes, maintenant.Mon frère me manque, et il ne sera plus jamais là). Je ne sais pas encore ou il est mais je suis sure qu'il suffit de quelque coups de couteau magique pour le rejoindre. J'ai tellement hâte. Depuis que je sais qu'il est mort, je n'attends que ce moment ou je pourrai enfin le serrer dans mes bras. Je soupire toujours, je suis sarcastique, je suis méchante, désagréable, et je m'en fiche, plus que tout. Et je déteste faire les présentations; Et je déteste écrire. Et je vous emmerde; Validez moi s'il vous plaît.

Il fallait changer. Je suis en fuite depuis.. 1 semaine ? 2 ? Il faut changer. La jeune fille blonde n'aura plus rien de si pur, désormais. Désormais, il faut changer. Je m'enferme dans la chambre, regrettant que la porte de bois sombre ne soit pas assez solide pour essuyer une vague de 500 soldats. Mais restons rationnelle, je ne pense pas qu'elle arrivera dans la minute. Je sors de mon sac la teinture rousse volée récemment dans un supermarché proche de l'autoroute. L'enfant du diable, qu'ils m'appelaient, là bas. Et maintenant, je serai l'enfant du diable aux cheveux de feu. Je souris à mon miroir et chuchote un presque silencieux "Adieu salope", avant de plonger la totalité de ma chevelure dans l'évier blanc. Aemi Flade n'existe plus, je crois. Elle est partie en même temps que la vie de son frère, en même temps que la vie de ce mignon infirmier, elle a fini par totalement s'évaporer cette nuit, on un inconnu est venu me rendre visite dans la chambre 327. Aemi Flade s'est évadée. Envolée, ne reste d'elle qu'une évanescente essence de mal-être. J'applique grossièrement la pâte rouge nauséabonde puis laisse poser. Mes sourires ont toujours eu une lueur malveillante, c'est difficile à décrire, c'est compliqué à écrire, mais au fond je suis sure que je n'ai jamais été quelqu'un de bien. Une demie heure s'est écoulée. Je passe une dernière fois la main dans mes cheveux à présent rincés et secs. Ca me va beaucoup mieux. Je me regarde sous tous les angles, cherchant n'importe quoi qui pourrait rappeler qui je suis, d'ou je viens. Quoi que je sois, quoi que je fus, je n'existe plus. Et le miroir me renvoie ce regard bleu, qui laissait derrière eux de cérulées larmes d'anges. Je jure intérieurement. Je ne peux m'en débarrasser, je ne peux me résoudre à les arracher. Azel avait les même. Azel... Je soupire, agacée. Décidément, tout est ma faute. Je balance un poing rageur qui atterri sur le mur carrelé, à deux centimètres de la plaque réfléchissante. Je ne peux pas faire ça, pas maintenant. Je ne dois pas attirer l'attention. J'essaierai de mourir une dernière fois, ce soir, j'ajouterai des cicatrices sur mes membres déjà recouverts de ces plaies blanches, mais non, je ne crierai pas. Je me retourne, sans pleurer. Non, Aemi ne pleurera plus jamais. Il fallait trouver un nom, maintenant. Je me souviens, de cette fille, qui avait "malencontreusement" fini noyée au fond d'un fossé profond. Keiko. C'était ça, je pense.. Alors je serai Aemi Keiko. Ca ne sonne pas très bien à vrai dire, mais quelle importance. Plus rien n'a d'importance, après tout.

J'ai toujours été étrange. Et pourtant on m'aimait. On m'aimait d'un amour étouffant, inconditionnel. Bref, on m'aimait. On m'aimait tellement fort qu'il semblait impossible d'aimer quelqu'un d'autre en parallèle. D'ailleurs Azel semblait en souffrir, un peu, ou alors vraiment beaucoup. Azel, qui errait, la nuit, entre deux couloirs, alors que tous les autres étaient endormis. Je ne m'inclue pas, dans "les autres". Non, un enfant comme moi, un enfant parfait ne dormait pas, et je ne pense pas jamais avoir vraiment dormi. Un jour, il a disparu. Un soir, je l'ai cherché, j'ai crié son nom en pleurant dans les longs corridors, mais il ne répondait pas. Je hurlais que ça n'était pas drôle, que je ne voulais plus jouer, j'hurlais "Azel, Azel, reviens, j'ai peur." Et oui, pour la première fois j'avais peur. Peur de le perdre, peur de me perdre avec lui. Ici, ce devait bien être le seul à ne pas m'aduler. Il me voyais comme j'étais, une enfant manipulatrice et impulsive, une enfant avec un irrésistible sourire de démon. Et ce sourire, il ne l'enchantait pas. C'est ce que j'aime chez lui. En dehors des liens du sang, qui n'ont jamais rien voulu dire pour moi, j'aimais ses yeux, j'aimais sa manière d'être. Sa manière de ne jamais rien dire, sa manière de toujours faire comme si il n'existait pas. Je me suis rendue compte bien plus tard que tout ça n'était que le synonyme d'une horrible tragédie. Azel, personne ne le voyait. Personne ne le regardait, et il vivait sans doute de la pire manière qu'il soit. Alors, j'ai été sur le cul, la nuit ou j'ai appris qu'il avait disparu. Comme ça, d'un coup. Il a sauté d'un pont pour aller je ne sais où. J'ai beaucoup pleuré. J'ai beaucoup crié. J'ai beaucoup saigné, aussi. J'ai tant saigné que tout a terminé dans une pièce oppressante et blanche, enlacée à des fils, des machines, et les idées trop floue pour savoir ce qu'il m'arrivait. J'avais 15 ans. Aemi avait 15 ans lors de sa première expérience avec le suicide. A vrai dire, j'étais un miracle, personne n'y croyait. Comme avais-je pu recommencer à marcher aussi vite alors que mes chaires étaient encore trop meurtries pour que la douleur me permette le moindre mouvement ? Mais peu importe, je ne sais pas et à vrai dire je m'en contre-fous.
19 juin, chambre 227. Je crois que je me suis faîte violée. Je ne m'en souviens pas vraiment, et je n'ai jamais eu envie d'en parler. Une seule pensée me hante, et ce sont des yeux. Des yeux tristement noirs, comme les nuits les plus sombres. Ce qui est sur c'est que ce soir là j'ai, une nouvelle fois changé. J'ai arrêté les thérapies, en courant de plus en plus vite entre les couloirs de l'étage "psychiatrie". Et ce mot était partout. Dans les yeux, sur les dossiers, sur les panneaux, partout. On m'enfermait. On m'interdisait de sortir, souvent. Et je restais des jours refermée sur moi même, entre un lit et une table. Rien d'autre, pas de miroir, je ne me suis même pas vue grandir. Et tant mieux, je pense que ça m'aurait détruite de voir à quel point mon regard était triste.
Mais j'ai voulu m'enfuir. A force d’aligner les tentatives et de ne pas y arriver il fallait que je sorte de la. Les idées embrumées par les médicaments qu'on m'empêchait désormais de vomir, j'ai sauté. Oui, comme ça, j'ai sauté. Le saut de l'ange, plus précisément, et j'eu la surprise à atterrissage de constater que mon crâne ne s'était pas encore fendu en deux. On m'a vu. Il m'a vu. Et "il" avait le malheur de porter un stéthoscope. Oh, vous ne pouvez pas savoir à quel point il est satisfaisant de voir un visage s'étrangler en même temps que le supplicié. j'aime tuer, et ça ne m'inquiète pas. J'ai couru. Longtemps, pendant surement des jours, sans malheureusement jamais m'épuiser. J'ai couru jusqu'à un portail, jusqu'à m’introduire dans ce bâtiment de pierre remplis de gens "comme moi". Oui, eux aussi avaient quelque chose d'inhumain. Et ici, personne ne semblait trouver ça incroyable. Enfin, un endroit ou je serai bien. Un endroit qui pourra sans problème accueillir en son sein l'enfant du diable.
je serai sans doute recherchée jusqu'à la fin de ma vie, mais, après tout, ça ne semble pas être un laps de temps si long.