Bonjour. Vous avez déjà entendu parlé de moi? Moi j'entends parler de moi. Mais ça ne me fait rien. Je ne ressens rien, je ne dis rien, parler n'est d'aucune utilité. Je vis pour survivre, je ne suis pas réellement ce que je suis. Je suis humaine sans l'être. Je ne comprends pas pourquoi vous vivez, votre intérêt, le bonheur que vous pouvez avoir en faisant certaines choses, en aimant. Je ne connais pas ces sentiments. Je ne les connais plus. A une époque je vivais pour vivre, je vivais au jour le jour, maintenant que je vis pour survivre, je vois la vie différemment. Je trouve que tout ce que l'on fait, tout ce que l'on produit n'est d'aucun intérêt. Je me demande même pourquoi nous cherchons à vivre plus longtemps. Nous ne servons à rien. Je n'ai pas de caractère, je ne ressens rien, je souris pour le vide. Je n'aime personne, je ne sais pas ce que c'est que d'aimer, d'avoir des amis. Je ne sais pas, je ne connais pas ça. Je suis trop différente. Je ne suis pas humaine en fait, je ne suis même pas ce que je suis. Je m'épuise avec cette drogue qui circule dans mon sang en permanence, je me détruis intérieurement comme si une bombe lançait des grenades et endommageait mon corps. Je fais une hémorragie interne à laquelle je ne peux pas échapper. Je finirai par mourir, mon corps demande toujours plus de CPH4... Toujours plus et j'en trouve de moins en moins. Le seul avantage que je peux avoir face à cette drogue c'est que je peux choisir le taux de capacités cérébrales que je peux utiliser de mon cerveau. Je ne suis pas contrainte à utiliser 40% de mon cerveau en permanence... Mais pour vous apprendre quelque chose, l'Homme n'utilise que 10% de ses capacités cérébrales. Je suis donc bien au-dessus d'eux... Mais ça ne me fait rien. Je ne connais pas les sentiments. Je ne sais pas pourquoi on fait les choses. La seule chose que je ressens c'est la peur. Elle reste là malgré tout même si elle n'est pas autant présente qu'avant. Elle est petite mais suffit à m'effrayer. La mort me rattrape à une vitesse folle. La seule chance que j'ai de m'en sortir c'est de m'injecter cette drogue.
Et puis faut dire qu’on ne pourrait pas la décrire à son physique qui lui est bien trop changeant (logique pour une tueuse en série vous me direz...) pour en faire une description. En effet, elle change souvent de coupe de cheveux voire même de couleur qu’elle choisit souvent avec précautions. La plupart du temps elle feuillette les magasines féminins pour trouver la coupe de ses rêves ou du moins celle qui serait la mieux pour son visage. Elle a des yeux gris qui tirent vers le bleu de temps en temps, quand ça leur chante quoi. Ses fichus yeux trop magnifiques quoi là. Elle est plutôt grande, du moins, dans la taille normale quoi et puis après elle est plutôt fine mais elle garde des formes aussi. Donc elle est maigre avec des formes. Wesh la perfection nan ? Elle aime mettre des vêtements over size comme des vêtements qui tombent droit. Elle aime tout question mode bien que certains styles ne l’attirent pas trop. On peut surtout la reconnaître car elle a un tatouage sur son épaule gauche, enfin son omoplate. Elle aime manger sainement des plats végétariens soigneusement préparés dans son petit appart où elle se balade souvent en pull, culotte et chaussettes. Elle a tout compris cette gamine.

Mon nom est Enoah. Plutôt pas très banal hein? Je suis bien d'accord avec vous mais il est vrai qu'on ne choisit pas sa famille, pas son nom... Même nos propres amis nous ne les choisissons pas. A l'heure à laquelle je vous parle, je suis dans un état de transe, je ne sais plus quoi faire ni quoi dire. J'ai déjà tout essayé pour me sortir de cette roue infernale dans laquelle je suis rentrée. Si j'avais su qu'à cause de lui j'en serais là je pense que je l'aurais rapidement quitté...

Je suis née un certain dimanche d'août, tant pis pour vos vacances papa et maman. Ma mère est décédée en me mettant au monde, pourquoi? C'est une trop longue histoire. Mon père s'est donc retrouvé avec la garde de sa petite fille, il s'est débrouillé du mieux qu'il pouvait, il m'a donné tout ce qu'il pouvait mais tous les efforts qu'il a faits, bien qu'ils soient remplis de bonnes intentions, n'ont pas suffit à subvenir à nos besoins. Alors il a fait des sacrifices. Je suis diabétique, autrement dit, je dois faire gaffe à ce que je mange et m'injecter des doses d'insuline par jour pour réguler le taux de sucre dans mon sang alors mon père a tout placé dans la médecine pour me soigner. Bien qu'aujourd'hui je lui en suis extrêmement reconnaissante, à l'époque, je préférais qu'il garde son argent pour lui. En bref, j'ai eu une belle enfance passée dans une toute petite maison au fin fond de la cambrousse. Les études ? J'ai tenté de rester au dessus de 15 jusqu'en seconde, après j'ai chuté. Mais j'ai quand même eu mon BAC avec une bonne mention, enfin, avec bien quoi. Comme quoi c'est pas trop dur d'avoir une bonne mention dans ce fichu pays si on bouge un minimum ses fesses. Le BAC en poche je me suis lancée dans l'armée, j'ai fais qu'un seul an dans le service militaire  : j'aime pas le sport. Je me suis vite trouvée un copain à la sortie de mon service militaire, j'avais 20 ans passés.. Il s'appelait Fred, mais j'avais l'habitude de l'appeler Freddy. Ouai, mon petit Freddy, eh ben on est pas resté trop trop de temps ensemble parce qu'il m'a apporté de belles grosses emmerdes. Merci Freddy. Je revenais du boulot, quand je dis boulot c'est études -oui parce qu'entre temps j'ai repris les études de biochimiste- parce que mon père devait prendre soin de lui et que je voulais subvenir à mes propres besoins. Du coup, Freddy est venu me chercher devant mon école et puis on a marché jusqu'à la grande société de Monsieur Linh. On a parlé, ri et puis l'ambiance est devenue froide. Il m'a demandé de livrer une mallette pour lui, dont il ne connaissait d'ailleurs pas le contenu, il était pressé, il voulait en finir et comme je refusais, il a fini par m'attacher à la mallette avec une paire de menottes. Le con, sans le vouloir il m'entraînait dans un enfer et lui il mettait fin à sa vie. Je suis donc rentrée dans le grand building et ai fait comme il m'avait dit : demander à parler à Monsieur Linh, se présenter, attendre et... Y aller. Mais ça s'est plus passé comme ça : demander Monsieur Linh, attendre, attendre, attendre et regarder Freddy. Une dizaine d'hommes sont sortis de l'ascenseur. J'avais peur, je m'en rappelle, mais c'était le début de ma souffrance. J'ai regardé Freddy une dernière fois avant de le voir s'étaler contre la vitre, mort : il venait d'être tué. Les hommes se sont saisis de moi, je me débattais comme une pauvre gazelle, les pieds hors du sol je tentais de toucher terre, en vain. Ils m'on amené dans un bureau et m'ont obligé à m'asseoir. La mallette pendant toujours à mon poignet, comme le boulet qui suit les prisonniers. J'ai attendu longuement, j'étais mal, je ne savais pas où j'étais et qui était ce Monsieur... Puis il est enfin sorti, équipé de lunettes transparentes de chimiste tachées de sang et les mains rouges écarlates. Un homme est sorti et a sacrifié de l'eau pour nettoyer les mains de ce monstre. Il a parlé avec l'homme, bien sûr dans une langue qui m'était, à l'époque, incompréhensible. Et puis le téléphone s'est décroché, un traducteur me proposait de traduire mes paroles pour l'homme. Celui-ci m'a demandé mon nom, mon prénom et ce que contenait la mallette. A cette dernière question à laquelle j'ai répondu que je ne savais pas, le vieux asiatique s'est écarté, ses espèces de gardes du corps ont sorti les boucliers anti-émeute et m'ont laissé un papier avant de reculer dans le fond du bureau. Le traducteur m'a annoncé que le papier était le code de la mallette. Le vieil asiat' me faisait pas confiance. J'ai mis du temps avant de réagir alors les gardes du corps ont sorti les armes. Je tremblais en faisant tourner les petites molettes, 1, 4 et puis 0. Un clic s'est fait entendre m'annonçant que j'avais trouvé le code, forcément on me l'a donné. J'ai ouvert la mallette après plusieurs grandes inspirations. Pas de boom, rien, juste trois petits sachets que j'ai du décrire à l'autre fou. Bleus, remplis de petits cristaux, de poudre bleu. Le vieux, soulagé est revenu, toute la garde mise en place s'est calmée et un shooté a fait son entrée. Il a sniffé deux putains de cristaux et a totalement pété un plomb, il a pas fait long feu. Son rire a vite soûlé le vieux fou qui l'a tué d'une balle dans le crâne et puis, Monsieur Linh m'a proposé du travail. J'ai répondu clairement que c'était gentil mais que je refusais son offre. En fait, j'avais pas vraiment le choix, j'ai fini assommé. J'ai dormi toute la nuit et en me réveillant j'étais dans une chambre d'hôtel, une belle chambre. Aïe. J'avais mal au ventre qui était entouré d'un bandage clandestin. Une paire de chinois est rentrée et m'a lancé des fringues que j'ai enfilé rapidement. Je suis sortie de la chambre et on m'a conduit dans un salon, enfin ça y ressemblait. Un mec qui parlait ma langue s'est ramené. Qu'est-ce que je pouvais bien avoir dans le ventre? Il m'a vite répondu que j'avais du CPH4, une nouvelle drogue. Les mères enceintes en produisent pour donner une force surhumaine à leur foetus au moment où celui-ci doit former ses os. Moi j'en avais 100g dans le ventre, dans des putains de sachets en plastique. D'autres gens sont arrivés, il nous a expliqué que nous allions transporter ces merdes jusque dans des pays européens, arrivé là-bas nous étions censés être pris en charge. On nous retirait cette merde et tout était fini. Cela étant dit, on m'a arraché la vue avec un fichu sac en tissu noir. Il était d'ailleurs plutôt épais. Je me suis réveillée, accrochée dans une salle bizarre, surveillée par des caméras? Non je ne sais pas ce que c'était. Un chinois a voulu en profiter pour me tripoter mais je crois que riposter ne lui a pas plu. Il m'a abattu avec trois coups de pieds dans le ventre, connard. La cicatrice toute fraîche venait de s'ouvrir. Prise de spasmes durant au moins cinq minutes suite à leur départ j'ai fini par m'endormir dans cette salle, en me réveillant je défiais tout. Les lois de la gravité, de la nature. Je suis donc sortie rapidement de cette si petite salle. Mais ce n'était pas simple, plus j'utilisais mes capacités plus je me fatiguais. Je me suis renseignée sur cette drogue, elle augmentait mes capacités cérébrales de trente pourcent et si je ne retirais pas cette merde de mon ventre je risquais de mourir car les cellules de mon corps était dans un milieu hostile et avait donc choisit l'immortalité, seulement, lorsque ma dose de CPH4 allait redescendre, le milieu serait plus favorable alors elles allaient repartir dans un cycle normal et se reproduire. Mais ce passage allait être très dur à passer sans séquelles. J'ai dû récupérer les paquets dans mon ventre. Je n'avais plus mal, plus froid, les sensations n'existaient plus. Je voyais tout, les fluides, la vie dans les objets, je maîtrisais la matière et les objets. Je pouvais tout faire. Mais ça n'a pas duré longtemps, le paquet dans mon corps étant enlevé je ne devais pas puiser dans les ressources de mon cerveau. J'ai dû aller récupérer les paquets dans les autres corps des cobayes qui étaient dans la même galère que moi et je suis allée tuer le reste de la petite compagnie de Linh. Aujourd'hui recherchée je me suis lancée dans le meurtre en série. Je tue les "méchants" de ce monde. Je ne suis pas un héros, je fais tout pour sauver ma peau. Merci, en plus d'être diabétique je dois m'injecter une dose de CPH4 suffisante pour ne pas crever tous les jours. J'ai besoin de vacances, c'est pour ça que je suis venue dans cette petite ville. Mais je n'arrête pas pour autant mon métier. Je m'appelle Enoah, je ne vis pas, je survis.