"Pourquoi tout le monde m'adore? Parce qu'ils n'ont pas le choix, tiens!"

Vous vous doutez bien que mon premier trait de caractère est mon assurance. J'ai toujours eu une grande confiance en moi. Rien ni personne ne peut m'arrêter. Lorsque j'ai une idée en tête, il vaut mieux s'écarter de mon chemin qu'essayer de m'en empêcher. Je suis ce qu'on appelle un fort caractère. Disons plutôt que j'ai mes petites habitudes et que tout le monde les respectera tant que je n'en aurai pas décidé autrement.

Je suis pas du genre superficielle mais mon objectif est là seule chose qui m'importe et je n'hésiterai pas à blesser mes amis pour y parvenir. Certains trouveront ça injuste et je leur dis qu'ils peuvent aller voir ailleurs si ça ne leur plaît pas. Je ne dirai pas égoïste mais ambitieuse, c'est la nuance qui compte, mais le résultat est le même.

Il y a un minimum à respecter si l'on veut faire partit de mes amis. Tout d'abord, je ne supporte pas qu'on me contredise sauf si c'est vraiment pertinent. Ensuite, je ne suis pas un monstre non plus, pas la peine de prendre des pincettes avec moi, je préfère que l'on soit aussi honnête que je suis franche. Mon deuxième prénom est loyauté, il en est de même pour vous. Par contre si vous avez le malheur de vous retrouver dans le camp ennemi, par choix ou non, sachez que je suis sûrement la fille la plus rancunière du monde.

Voilà l'image que je me suis construite au fil des années. C'est presque comme cela qu'on me perçoit d'ordinaire. Pourtant je ne me comporte pratiquement jamais de cette façon en dehors du lycée. Jouer les emerdeuses populaires ça va un temps mais ce n'est pas le rôle que je voudrais incarner toute ma vie. J'aspire plus au rôle héroïque du théâtre de mon monde. Je préfère être l'altruiste qui offre protection et soutien à ceux que j'aime et qui en ont besoin. Je préfère être celle qui sourit plutôt que celle qui critique. Celle qui partage plutôt que celle qui divise. Mais on a ou on est pas toujours ce qu'on veut dans la vie.

"Pourquoi mon miroir m'aime? Mais voyons, c'est parce que je suis parfaite"


Je vais pas vous mentir je suis belle. Après tout je ne vais pas le nier. De toute façon ça n'a pas tellement d'importance pour moi, je sais juste que je le suis et c'est tout. Après je vous l'accorde, du haut de mon mètre 57, plus cinq bons centimètres de talons, je complexe un peu par rapport à ma taille mais comme on dit : " tout ce qui est petit est mignon".


Face to face: je passe une heure chaque matin à démêler et coiffer ma crinière brune aux dégradés plus clairs au niveau des pointes, dont je suis particulièrement fière. Ensuite une petite touche de mascara pour relever le marron chaud de mes pupilles aux étoiles espiègles. Pour finir, un petit rouge pâle sur mes lèvres bien dessinées dans un moulage de sourire aux fossettes marquées. Et hop voilà c'est parfait!  

Pour les tenues vestimentaires il y a autant de choix que de poissons dans l'océan. Autant dire que c'est du genre varié: allant du sarouel aux couleurs vives au pull léopard super doux en passant par les jupes ultra courtes et les chaussettes hautes style écolière japonaise. J'ai même une catégorie gothique. Mais j'adore la diversité et mélanger les styles pour en créer un qui me soit propre.

Sous ma forme lupine, je ressemble à un Canis Rufus ou Loup Roux. (Non je ne m'appelle pas Rufus). Ce loup à longtemps été confondus avec le loup gris commun et le coyote pourtant il se distingue grâce à son pelage aux nuances rougeâtres et par d'autres différences physiques. Il est plus petit certes mais plus léger donc plus rapide et ses pattes sont plus fines. La seule chose qui pourrait me différencier aux yeux des autres c'est l'anneau bleu azur qui sous ma forme humaine est un percing que je me suis fait le jour de mes seize ans dans le creux interne de l'oreille gauche.

Commençons par le commencement.

Je suis née le 8 Juillet 1997 dans une petite ville de l'Illinois située au nord de Chicago sur les rives du lac Michigan nommée Evanston. J'y ai vécu de fabuleuses années qui resteront à tout jamais gravées dans ma mémoire, avec mes parents adoptifs et mon crétin de frère jumeau, Andras. Lui et moi, nous sommes ce qu'on appelle des enfants-éprouvettes. C'est à dire que nous avons été créés, conçus de toute pièce dans un laboratoire spécialisé ( qui au passage à dû payer une sacrée somme d'argent pour que des désespérés vendent leurs "descendants" pour la science ). Il s'agissait justement de fabriquer des enfants  selon des critères génétiques particuliers: créer une nouvelle génération d'Hommes parfaits. En gros voir s'il était possible de customiser son gosse pour en faire des OGM capables de mieux résister aux maladies usuelles et les virus mortels, de vivre plus longtemps que la moyenne ect. Et POUF! Tadam! Bonjour je m'appelle Essaie n°8 et mon frère a l'honneur de se présenter sous le magnifique nom de Essaie n°9 ! Si c'est pas génial ça? C'est vrai qu'on en a de la chance de n'être que des numéro sur des dossiers, que des expériences. C'est sûr que c'est pas donné à tout le monde!

Chiote!

Encore une preuve de l'humanisme de cette planète!

Toujours est-il que l'opération a dû capoter, parce qu'ils nous ont casés dans une famille d'accueil comme des animaux de compagnie et on en a plus jamais entendu parler. Enfin, juste un rapport et un prélèvement de sang une fois par mois.
On a tout de même eut de la chance d'être ensemble dans une famille géniale. Y a pas d'autres mots pour la décrire. Ils ont été si gentils, attentionnés et bien veillant. Même en temps qu'Animaliks rejetés nous nous sommes toujours sentis chez nous avec eux.
Nous avons suivit l'école à la maison avec maman et lorsque papa rentrait du boulot, il prenait la relève alors que sa femme filait à l'hosto pour son boulot de garde.
Puis un soir il est rentré avec une lettre d'un certain établissement appelé "Structure d'accueil privée d'hybrides en cours de scolarité". C'était une lettre autorisant notre admission à Andras et moi sans ce lycée privé. Apparemment le recrutement ne se faisait qu'à partir des critères qui nous avaient valus tant de mauvais traitements. Là bas nous serions pris en charge et protégés, nous suivrions une scolarité normale égale à celle des humains, et surtout nous ne serions pas considérés comme des expériences scientifiques mais comme fils et fille de la famille Van Casteel. Nous aurions une identité.
Les adieux avaient été difficiles mais nécessaires et puis nous devions de toute façon revenir pour les vacances, ce n'était pas définitif. Papa et maman m'avaient fait promettre de veiller sur mon frère quoi qu'il arrive. Et nous nous étions retrouvés embarqués dans ce voyage en moins de temps qu'il ne faut pour dire "cacahuète".

C'est là que j'ai pour ainsi dire développé ma passion. Au début je filmais le soir avant de me coucher, avec la vieille caméra que je m'étais achetée après tout un mois de tâches ménagères chez mamie juste avant de partir, pour pouvoir le montrer aux parents plus tard, leur faire un petit compte rendu et puis comme ça ils avaient l'impression d'être avec nous. Puis pour mon anniversaire ils m'ont offert une véritable caméra portative sophistiquée, du tonnerre cette bécane! Et j'ai continué à filmer le soir mais aussi pendant mes heures de trou. Je faisais des mini-interviews des profs, du personnel et même des élèves. Et finalement le jour de mes seize ans, j'ai obtenu le droit de créer un journal concernant la vie de l'internat, aussi bien papier que numérique, et j'ai tout filmé. Tout ce que je faisais, les conversations des gens, les soirées en boîte, les sorties scolaires, les rumeurs qui circulaient, les infos croustillantes. Je consignais tout cela par écrit dans le journal et j'ai monté mon blog où j'y postais chaque soir mes vidéos.

A aucun moment je n'imaginais que tout ça aurait un tel succès. Toutes les réputations, les "populaires" et les conversations tournaient autour de moi. Et de ce que j'écrivais et de ce que je filmais. J'étais soudainement devenu une référence au lycée. Je régissais presque l'opinion des élèves et même parfois des profs. Il me suffisait de critiquer une personne pour que tout le lycée en parle et approuve. Je dirais presque que j'étais leur gourou. Et je dois avouer que ça me plaît énormément. Tout le monde veut mes faveurs pour un simple petit commentaire gentil voir affectif simplement pour briller sur le trône des stars d'un jour. Je suis le centre de leur monde. Pour une fois j'existe. Pour une fois je contrôle ma vie, je ne suis plus une simple expérience, je suis une personne. Je suis reconnue. Je peux faire tout ce que je veux. Je ne souffre plus enfin.