Le soir tombait. Les cours étaient terminés depuis une bonne heure et j'avais passé ce temps allongée sur mon lit à réfléchir à ma soirée. Qu'est-ce qu je pourrais bien faire ce soir? Je ne savais pas ce que les autres prévoyaient mais je ne me voyais pas leur poser la question. Comme si j'étais dépendante d'eux. Pff! mon oeil! J'avais fouillé dans mes affaires à la recherche de l'inspiration mais rien ne venait. Je n'allais tout de même pas rester toute la soirée enfermé sans rien faire? Il en était hors de question. Je trouverais bien. Enfin, j'avais trouvé une écharpe. Fine, noire, un peu transparente, trouée. Des lambeaux de tissu qui sentaient bon la liberté. Faire quelques achats. Voilà ce que j'allais faire. Je devais trouver une nouvelle écharpe. C'était extrêmement important. Je n'existais plus sans mon écharpe. Puis en regardant les vitrines des boutiques de nuit je trouverais sans doute d'autres merveilles étranges. J'avais entendu dire que le soir, des magasins anormaux ouvraient en ville et qu'on y trouvait toutes sortes d'objets mystiques et fantastiques. Ma prudence me murmurait de ne pas y prêter attention mais ma curiosité me grondait d'y aller. J'aimais le danger et puis qu'est-ce que je risquais après tout? N'étais-je pas un Dragoon?
J'avais enroulé mon écharpe autour de mon cou et enfouis mon nez dedans, mes mains dans mes poches. L'air était doux en cette fin de printemps et le vent frais. Mon jean en lambeaux protégeait mal de la fraicheur mais j ne me plaignais jamais du froid, pas même intérieurement. Je marchais et mes grosses bottes noires frappaient le sol avec force. Heureusement la terre du chemin amortissait le choc et mes pas ne résonnaient pas trop. Si je me faisais prendre à quitter l'Internat à cette heure, j'allais me faire passer un savon. La grille était fermée à présent. C'est pourquoi j'avais prévu de passer par le parc et d'escalader le mur aux alentours du bois sombre. Si un adulte passait j'avais déjà inventé une centaines d'excuses.
J'allais arriver à un croisement et m’apprêtais à accélérer le pas pour diminuer mes chances de me faire prendre quand je trébuchai et me cognai à quelqu'un.